Broadway à la Place des Arts
© Matthew Murphy
Par : Alizée Calza
Le fantôme de l’opéra s’est emparé de la Place des Arts, vendredi le 6 octobre, pour rejouer la passion envoûtante et destructrice d’un musicien défiguré pour la belle soprano Christine Daaé. Trente et un ans après sa création par Andrew Lloyd Webber, la magnifique comédie musicale a réussi à mystifier la salle Wilfrid-Pelletier et à entraîner le public dans les plus noirs recoins des catacombes de l’Opéra de Paris.
La première scène commence des années après l’histoire qui nous intéresse, lors de la vente aux enchères de l’opéra. La scène est sombre, obscurcie par un rideau de fumée, avant d’en arriver à la vente du lustre qui se trouve en fait être au-dessus des spectateurs, dans la salle. Lorsque les lumières du splendide mobile en cristal s’allument, la scène reprend vie, le rideau tombe et le public se trouve propulsé dans l’âge d’or de l’opéra en pleine répétition de spectacle.
Difficile de ne pas se sentir happé par cette comédie musicale haute en couleur où la salle n’est qu’une autre partie de la scène. Les décors montés sur des rails sont splendides et ne cessent de changer pour nous faire découvrir l’Opéra de Paris, ses coulisses, la loge de Christine, les toits de la ville ou même les terrifiantes catacombes où se situe le repaire du fantôme.
Les lumières participent activement à la magie du show. Elles nous rappellent sans cesse la présence ombrageuse du terrible fantôme et donnent vie au miroir de la loge de Christine, interprétée par la talentueuse Eva Tavares, pour révéler son « ange de musique ». Joué par le chanteur afro-américain Derrick Davis, le fantôme est envoûtant. Sa scène d’apparition est déroutante et, tout comme Christine Daaé, on se prend à vouloir suivre ce personnage dans son univers terrifiant.
Alors que le public ne cessait de parler au début du spectacle, le silence a envahi la salle dès l’apparition de ce personnage mystérieux à la voix profonde. Effrayant dans sa colère, mais touchant dans sa fragilité, Derrick Davis était hypnotisant et, tout comme Christine, le public n’hésiterait pas à descendre les escaliers qui apparaissent comme par magie sur la façade du décor et à prendre la barque de notre mystérieux chanteur masqué pour découvrir son antre noyé de brume et de magie.
Les autres acteurs-chanteurs n’étaient pas en reste. Jordan Craig, dans le rôle de Raoul, était parfait comme vicomte protecteur et amoureux transi de l’innocente Christine, les producteurs formaient un duo comique au possible, la diva du début était détestable à souhait et les danseuses, parfaitement synchronisées, incarnaient à merveille l’insouciance, puis la peur face à la menace du fantôme.
Très rapidement, le public se sent oppressé par les effets sonores et pyrotechniques qui lui font croire que le fantôme est partout. Les spectateurs vivent pleinement les émotions de la belle héroïne et se sentent oppressés par ce personnage terrifiant qui semble les menacer, eux aussi.
En bref, ce spectacle renversant a su séduire Montréal et le fantôme hantera sûrement encore pour longtemps le cœur des spectateurs présents avec ses chansons enjôleuses et dramatiques.
Crédit photo : Matthew Murphy
Texte révisé par : Johanne Mathieu