La poésie du mouvement
© Ewa Krasucka
Par : Justine Millaire
Le 21 février, j’ai eu la chance d’assister à la première représentation du ballet Le lac des cygnes, présenté à la Place des arts par le Ballet national de Pologne, en collaboration avec l’orchestre des Grands ballets canadiens. Cette expérience était une première pour moi, assistant à un ballet pour la première fois, et je n’ai pas été déçue.
Le lac des cygnes est sans aucun doute, avec Casse-Noisette, l’un des ballets les plus connus. L’histoire de ce conte, et plus encore la musique de Pyotr Ilitch Tchaïkovski, est passée dans notre imaginaire collectif. Toutefois, l’édition présentée à la Place des arts offre une relecture du conte. En effet, l’histoire dresse un parallèle entre le conte et un événement réel de la vie du Tsar Nicolas II, dernier Tsar de Russie.
© Ewa Krasucka
Plus jeune, avant qu’il ne monte sur le trône, il était tombé amoureux de la princesse allemande Alix de Hesse, union à laquelle son père (le Tsar Alexandre III) ne voulait pas consentir. Pour le distraire de cet amour, il lui présenta la ballerine Mathilde Kschessinska, qui devînt la maîtresse du jeune Nicolas. Mais le futur Tsar n’oublia pas son premier amour, et il finit par épouser Alix de Hesse, qui devînt l’impératrice Alexandra. Le reste appartient à l’Histoire.
© Ewa Krasucka
Pour Krzysztof Pastor, directeur et chorégraphe du Ballet national de Pologne, cette histoire était étonnamment similaire à celle du conte, où le prince Siegfried tombe amoureux de la princesse Odette (le cygne blanc) pour en être distrait par la belle Odile qui lui ressemble trait pour trait (le cygne noir). L’intrigue de ce ballet reprend des éléments du conte pour en faire l’univers onirique du prince Nicolas. Le livret et la chorégraphie ne sont donc plus exactement les mêmes, mais la musique de Tchaïkovski a été conservée et les séquences les plus connues du ballet original ont été intégrées à la nouvelle histoire. Ainsi, la scène des cygnes blancs devient un rêve du prince Nicolas où il imagine la princesse Alix en Odile et le pas de deux du cygne noir devient une tentative de séduction où Mathilde se déguise en cygne, connaissant la faiblesse de Nicolas pour l’univers du conte.
© Ewa Krasucka
En tant que grande amatrice d’histoire, j’ai été conquise par ce parallèle. Et il est assurément très intéressant pour une compagnie de ballet de donner un nouveau souffle à cette histoire qui a été montée plus de fois qu’on ne peut compter. Et de faire de l’intrigue un aller-retour entre le monde réel et celui du conte était, selon moi, une excellente idée. Je serais toutefois très curieuse de voir une version plus « classique » du Lac des cygnes pour comparer les deux. Mais même sans connaissances préalables, j’ai été émerveillée par les danseurs, qui évoluaient sur scène avec une aisance qui en faisait presque oublier à quel point le ballet est un art difficile. L’orchestre n’était pas en reste, et a interprété la musique avec toute l’intensité propre à la période Romantique. Avec l’acoustique de la salle Wilfrid-Pelletier, le résultat était magique.
Si cela vous intéresse, le Lac des cygnes sera en représentation jusqu’au 2 mars. L’occasion de découvrir, ou de redécouvrir ce classique romantique.
Texte révisé par : Johanne Mathieu