Batifolages somptueux
Par : Marie-Claude Lessard
Jusqu’au 29 avril à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, Les Grands Ballets accueillent le Ballet National d’Ukraine venu présenter un spectacle combinant le classique théâtral Le mariage de Figaro de Beaumarchais et l’opéra Les Noces de Figaro de Mozart. La plus que chaleureuse ovation attribuée aux danseurs lors de la première médiatique du 26 avril indique que cette version à la fois comique et éblouissante a de quoi plaire autant aux petits qu’aux grands.
La pièce relate l’amour inconditionnel entre le valet Figaro (Oleksandr Stoianov) et la femme de chambre Suzanne (Kateryna Kuhar) qui travaillent pour le Comte Almaviva (Igor Bulychev). Puisque lui-même amoureux de Suzanne, ce dernier refuse de donner son accord au mariage. Entre deux ébats avec le page Chérubin (Marat Ragimov), la Comtesse (Oskana Guliaieva) tente de faire changer d’avis son mari. Pendant ce temps, la gouvernante Marceline (Vitalii Netrunenko), malheureuse avec son mari Bartholo (Sergii Lytvynenko), fantasme sur Figaro et prétend être une danseuse hors pair, ce qui s’avère loin d’être le cas.
Évidemment, la beauté des décors et des costumes colorés constitue l’élément qui marque et séduit en premier. Il est impossible de ne pas sourire et s’émerveiller face à cet éventail luxueux de couleurs et de textures d’inspiration rococo. Les transitions quelque peu trop longues dans les changements de lieux se digèrent mieux, car on sait que ce qui nous attend s’avère spectaculaire.
Les chorégraphies de Victor Yaremenko épatent. Irréprochable, la technique des interprètes donne droit à des moments fort impressionnants dont des rotations qui n’en finissent plus de la part de Kateryna Kuhar. L’ajout d’accessoires, tels qu’un ruban et des cordes à sauter, confère aux acrobaties encore plus d’impact. Les mouvements se synchronisent à la perfection avec les compositions de Mozart, ce qui témoigne du minutieux travail de Yaremenko et des musiciens.
Les couples s’aiment, se chamaillent et se séparent pour mieux se retrouver dans une ambiance légère. La mise en scène réserve plusieurs rires même si certaines blagues ne débordent pas d’originalité. Le sublime Vitallii Netrunenko vole la vedette dans la peau de l’excentrique Marceline, spécialement lorsqu’il doit simuler un talent exécrable pour la danse.
Beaumarchais a d’abord écrit cette valse teintée de quiproquos pour dénoncer de manière satirique la bourgeoisie. Or, la relecture ne met point l’accent sur cet aspect critique. Que ce soit un choix volontaire ou non, il est quelque peu déplorable, car l’œuvre manque de mordant sur le plan narratif une fois que les ficelles de l’humour physique aient été vidées de tout leur charme.
Malgré cet accro, Le Mariage de Figaro parvient à divertir et faire rêver pendant plus de deux heures.
Crédit photo : Véronyc Vachon/MatTv.ca
Texte révisé par : Cloé Lavoie