Une Œuvre Chorale présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
Par : Marie-Christine Jeanty
Rébecca Déraspe s’allie à l’autrice Annick Lefebvre et à la metteuse en scène Alexia Bürger pour Les Filles du Saint-Laurent, une œuvre portée par une impressionnante distribution presque toute féminine . C’est ce cours d’eau qui recrache sept corps – Neuf personnages, dont huit femmes, retrouvent tour à tour, par hasard, ces cadavres non identifiés. Sous le choc, chacun est confronté à sa propre existence, comme poussé par un souffle de vie. Créée en coproduction avec La Colline – théâtre national et présentée à Paris en novembre 2021, Les Filles du Saint-Laurent arrive enfin au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et y est présenté jusqu’au 29 avril inclusivement.
On y retrouve, des Femmes se révélant fortes, puissantes même, étonnées de ce qui s’ouvrent à elles. Homme se révélant fragile, désarmé, étonné de ce qui lui échappe. Et le fleuve en dialogue comme un miroir de ces émotions qui les traversent…C’est la comédienne Elkahna Talbi qui interprète le Saint-Laurent, le cours d’eau étant ici incarné d’une manière très physique. Le fleuve, où Elkahna, est en dialogue avec l’une des femmes de la pièce, Rose, personnage incarné par Louise Laprade qui a connu un grand amour pendant son adolescence. Mais cet amour est parti un jour sur un bateau de pêche et n’est jamais revenu.
En plus de Louise Laprade et Elkahna Talbi, on retrouve sur scène Zoé Boudou, Annie Darisse, Marie-Thérèse Fortin, Gabrielle Lessard, Marie-Ève Milot, Émilie Monnet, Catherine Trudeau et Tatiana Zinga Botao. Le seul homme est incarné par Ariel Ifergan. Les Filles du Saint-Laurent ce sont des portraits de femmes, de différentes générations avec des parcours uniques qui dessinent un portrait général de la condition féminine où l’intime devient l’universel. Et puis il y le portrait du Saint-Laurent, figure centrale de cette création qui définit le territoire de chacune, intime, géographique, historique. La mise en scène impulse une dynamique, un courant qui les emporte aux confins d’elle-même au risque de se perdre. Cette œuvre est résolument bouleversante et résolument engagée où aucun sujet n’est tabou. La parole est libérée et se succède comme un flot irrépressible tout en fluidité.