L’étrange rêve que l’on a fait ce soir-là au théâtre

Par : Marin Agnoux
C’est sans trop savoir à quoi s’attendre qu’on arrive ce vendredi 18 avril devant le Théâtre Outremont. Une salle reconnue pour ses pièces de théâtre, spectacles de danse… mais, de temps en temps, un public s’y installe pour écouter et regarder de la musique dans ce lieu magnifique. Ce soir, c’est pour Mercury Rev.
Après l’introduction à la Sitar, le groupe Montréalais Elephant Stone a assuré la première partie avec un dynamisme oscillant entre psychédélisme des années 70 et stoner rock, avec des guitares et des basses lourdes, complètement saturées façon Kyuss, et des voix rock rappelant les Black Crowes. l’excitation monte. Le public continue d’affluer, chacun prenant place en attendant les protagonistes de ce soir.

C’est bon! Tout le monde est bien assis, confortablement. Les lumières se tamisent. L’histoire peut commencer. L’ambiance devient intime, une atmosphère mystique flotte dans l’air. Après dix ans sans sortir d’album, les cinq musiciens de Mercury Rev entrent en scène pour nous raconter leurs histoires. Proches de nous, comme si l’on s’asseyait avec eux, perdus quelque part… La musique explose avec The Dark Is Rising, de manière spectaculaire, et nous propulse dans nos rêves les plus surnaturels.
Le chanteur, aux airs rêveurs, nous chante ses songes et dirige le groupe comme un chef d’orchestre. Les morceaux, presque symphoniques, mêlent les anciens projets aux nouvelles compositions, tout en gardant une homogénéité de style tout au long du concert.

Ça ne s’arrête jamais. De grandes transitions expérimentales, spirituelles, relient les morceaux de manière hypnotique : Ancient Love, Goddess on a Highway, Tides of the Moon… On se perd dans cette intemporalité, presque introspective par moments, assis, le regard rivé sur le groupe.
Les musiciens, que l’on croyait cantonnés à leurs instruments, se révèlent multi-instrumentistes. Le chanteur, Jonathan Donahue passe de la guitare à la trompette, le claviériste alterne entre flûte traversière et saxophone, tout en continuant à jouer de son piano surréaliste.
La batterie frappe comme des tambours, souvent accompagnée d’un fil jazz, c’est la magie de Jason Miranda et les guitares de Grasshopper respirent, soufflent, comme un vent qui traverse tous les autres artistes.

On arrive à la fin. Après une heure trente de show, Mercury Rev s’élance une dernière fois, Holes résonne sous les hauts plafonds du théâtre, avant que l’on sorte tous de ces rêves étranges. Le public se lève, subjugué, pour acclamer les musiciens après cette prestation irréelle. Encore un peu perdus dans leurs pensées, les spectateurs sortent calmement, essayant déjà de raconter à quelqu’un ce qu’ils viennent de vivre.
Crédit photos : Kader Bouderbal/Mattv