Une soirée qui nous parle d’amour
Par: Ariane Monzerolle
Pour le concert de clôture de la 89e saison de l’orchestre symphonique de Montréal, et la première de Rafael Payare, l’orchestre s’attèle à la tâche colossale de présenter La troisième symphonie de Mahler. Au centre de cette symphonie, la thématique de l’amour s’y trouve.
La poursuite d’un cycle
Cette symphonie est reconnue pour être l’une des plus longues du répertoire. Elle dure cent minutes. Pourtant ça n’effraie pas, notre nouveau chef d’orchestre. Bien au contraire, c’est la deuxième fois qu’il reprend une symphonie de Mahler.
Plus tôt, cette année Rafael Payare a dirigé l’orchestre dans une réédition de la cinquième symphonie de Mahler. Puis durant la saison 23-24, il compte reprendre la première symphonie ainsi que la symphonie no 7 du même compositeur.
De ce que j’ai compris, en discutant avec des gens de l’OSM, après le concert. Rafael Payare a le désir de revisiter toutes les symphonies de Mahler. Dans une entrevue avec le site web Your classical, Rafael Payare explique avoir un attachement envers ce compositeur depuis qu’il a joué dans l’orchestre Simon Bolivia. Chaque symphonie l’interpelle. Il veut donc honorer ces pièces quand le bon moment sera venu.
Symphonie no 3 en ré mineur
Mais revenons à cette soirée de clôture pour la 89e saison de l’OSM et la première pour notre chef d’orchestre.
Malgré les mouvements rapides de cette pièce et les différentes tonalités qui varient subitement, l’orchestre symphonique de Montréal a réussi à nous éblouir une fois de plus. L’orchestre réussit à nous montrer toute la douceur de cette symphonie avec ces notes chaleureuses et virevoltantes. Tout en gardant la puissance dans les percussions du dernier mouvement.
Avec cette pièce, le compositeur autrichien désirait démontrer le passage de l’existence. En commençant avec la création de la nature, puis celle des animaux, du temps et de l’amour. C’est une pièce très variée qui nous amène dans différents univers, mais la mélodie jouée par les premiers violons nous permettre de suivre l’arc narratif sans problème.
Dans le quatrième mouvement, nous avons aussi le droit à un court solo de la mezzo-soprano Michelle DeYoung. Avec sa voix cristalline et pure, elle vient nous chanter un passage qui parle du monde profond qui nous entoure avec toutes les émotions qui en découlent. Son court solo est bien remarqué, elle chante avec authenticité et force.
Puis dans le cinquième mouvement, elle se fait rejoindre par le chœur de l’OSM et les petits chanteurs du Mont-Royal. Un moment tout simplement renversant de beauté ces chœurs s’unissent pour nous offrir un de mes moments préférés de la soirée.
La troisième symphonie est une pièce que la jeune Florence Rousseau, troisième cor, qualifie comme étant un marathon de longue haleine, mais qui ne déçoit pas. Malgré la durée de la pièce l’orchestre ne s’essouffle pas et maintien leurs rythmes. Rafael Payare pour sa part nous offre une maitrise totale de cette pièce. Du haut de son podium, on le voit l’incarner avec prestance. Chaque mouvement a son propre ton, le chef a su donner une autre couleur à cette pièce monumentale.
C’était la première fois que je voyais Rafael Payare à l’œuvre et personnellement j’ai trouvé qu’il dégageait une énergie rafraichissante et un peu moins stricte que celle de Kent Nagano. Avec son afro, son veston satiné et ses chaussettes roses, je crois que son arrivée à l’OSM est plus que la bienvenue. Son ton un peu plus relâché et tout autant innovant permettra peut-être d’aller chercher une clientèle plus diversifiée?
J’ai déjà bien hâte à la prochaine saison où Stravinski sera à l’honneur ainsi qu’une promesse d’allier la musique d’Europe à celle de l’Amérique et les pièces plus classiques à celles plus contemporaines. Les choix faits par Rafael Payare et l’OSM sont vraiment intéressants et prometteurs.
La soirée de clôture quant à elle, était tout simplement magnifique et à la hauteur de ce que sera la prochaine saison : intense, mais en douceur.
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