Digable Planets n’ont rien perdu

Par : Marin Agnoux
Vendredi soir, en plein cœur du village, au National, la foule s’amasse pour une soirée du Festival M pour Montréal bien particulière. Dans le cadre de leur tournée des 30 ans de Blowout Comb, Digable Planets, stars de la soirée, reviennent dans nos salles montréalaises, n’en déplaise à quiconque.
En première partie, le DJ montréalais JojoFlores impose son set, puisant dans les classiques de la scène hip-hop underground des années 90 aux États-Unis. Une mise en bouche particulièrement bien choisie : soul, rap, RnB, JojoFlores guide la danse en attendant nos invités spéciaux.

21 h 30. Le gong sonne. Le saxophone, seul, souffle les premières notes. Les six musiciens entrent sur scène progressivement, sous les applaudissements d’une foule nostalgique. Après une courte intro jazz, It’s Good to Be Here ouvre les portes et laisse entrer nos rappeurs plus qu’attendus ce soir.

Les uns après les autres, derrière les rideaux rouges, dans le chahut de la salle, Ishmael « Butterfly » Butler, Mariana « Ladybug Mecca » Vieira et Craig « Doodlebug » Irving marchent d’un pas assuré sur la scène, en rappant les mots que l’on avait tous en boucle dans la tête. Butterfly, dans son long trench, rythme les rimes rapides en jouant de son sampler. Ladybug Mecca, en veston rouge, lâche un rap plus brut, tout en nonchalance ; son nom crié résonne dans la salle. Il ne faut pas oublier Doodlebug qui arbore fièrement sa casquette : son rap aux mots plus graves et tranchés vient arrondir les angles — ou les affûter, je ne saurais dire — mais à eux trois, la pièce est parfaite.

Le public, idolâtre, regarde, écoute, suit les passes-passes des musiciens et des rappeurs qui ne s’arrêtent plus. Par les samples revisités de Herbie Hancock, Sonny Rollins à Grandmaster Flash, Digable Planets tiennent les rênes de la soirée.
Entre les notes de Jettin’ et Slowe’s Comb / The May 4th Movement Starring Doodlebug, la place est laissée aux musiciens. Aucun n’est mis de côté : saxophone, trompette, synthé, batterie, tous auront leur moment de grâce. Basse et guitare, au-devant de la scène, se retrouvent pour danser au rythme de la funk, le groove ne se perd pas.

Quelques minutes avant la fin, la mélodie de Rebirth of Slick (Cool Like Dat) s’échappe des cuivres et le refrain se lance en hymne, chanté en chœur. En complicité avec le groupe, la foule s’amuse, parfois nostalgique d’un hip-hop qui a marqué et inspiré ce qu’on écoute aujourd’hui, ou simplement heureuse de voir ceux qui ont contribué à forger le genre.
































































