Alexandre Poulin & Valérie Lahaie aux Francofolies
Soirée exploratoire en ce premier lundi des Francofolies, où je me suis rendue pour les spectacles de Valérie Lahaie et Alexandre Poulin. La première suit le sillon de son mentor Éric Lapointe avec un premier album en poche alors que j’ai eu plusieurs rendez-vous manqués dans le passé avec le second. C’était donc une soirée propice à la découverte, entre deux orages dans cet été montréalais bipolaire.
Valérie Lahaie, qu’on a connue lors de son passage à La Voix II, se produisait pour une première fois aux Francofolies, devant un public nombreux pour 19 heures. La finaliste de la populaire émission venait présenter les chansons de son tout premier album sorti le 1er avril. Malgré un faux départ, (elle a fait toute sa première chanson sans micro), Valérie a repris le contrôle de la situation avec humour et légèreté, reprenant du début Vertige. La jeune fille a ensuite rendu un hommage bien personnel à Marjolaine, avant d’enchaîner sur la pièce intime Prends-moi.
Malgré une structure musicale assez simple, la fibre pop aux accents country de la talentueuse pianiste rencontre son public. Son hymne Folle d’être folle de toi, au rendu plus jazzé que ses autres compositions, rend hommage aux personnes tombées amoureuses… de la mauvaise personne (classique!). Avec Tu ne m’as jamais dit que tu m’aimais, on a rapidement fait le tour des chansons de cœurs brisés qui sont malheureusement légion dans le pop rock francophone.
Avec certaines chansons écrites à l’adolescence, il est évident que l’auteure-compositrice-interprète manque de métier pour offrir des textes plus mordants, moins girly et plus femmes. Ça viendra avec le temps, mais pour le moment Valérie Lahaie peut sans gêne se targuer d’avoir un public fidèle et des chums de filles partout au Québec.
À 20 heures, on change de registre et de ligue musicale. Accueilli en petite rock star, Alexandre Poulin s’amenait avec son folk rock présenter essentiellement les pièces de son troisième album Le mouvement des marées. Les mélodies plus complexes et la richesse du verbe du musicien tranchaient radicalement avec la tendance linéaire de Valérie Lahaie. Ceux qui apprécient la plume de Vallières, Patrice Michaud et Émile Proulx-Cloutier se retrouveront dans les vies racontées par la voix et la guitare d’Alexandre Poulin.
Ouvrant le spectacle sur Dans la poussière, il invitait d’emblée le public à chausser ses bottes et le suivre sur la grande route du bonheur. Souffler sur les braises puis Hochelaga s’en suivirent, récits de rencontres hasardeuses. Au Canada, Hochelaga-Maisonneuve est le quartier où y vivent le plus de familles monoparentales. Dans la plupart des foyers, c’est le père qui manque à l’été de ces jeunes croisés au détour d’une rue. Avec ce brillant texte, Poulin trouve un moyen de nous sensibiliser à la réalité que vivent nos concitoyens, ceux que l’on côtoie tous les jours anonymement.
Parti en roadtrip jusqu’à San Francisco, en l’espace de deux, trois chansons, on a le temps de tomber en amour trois fois, d’être triste, d’être heureux, de respirer l’espoir et la sérénité. Franchement, son agilité à manier les mots est déconcertante. Encore étonné du succès remporté avec sa chanson pas de refrain, Fernand a été la seule incursion dans son premier album. La foule a rapidement formé un chœur avec le musicien. Les nuances trad assumées et l’harmonica bien présent injectent de la chaleur dans les compositions de Poulin.
Il ne réinvente pas la roue de la chanson folk francophone; les thèmes de l’amour, la mort et les voyages prennent une grande place. Qu’il parle de son père et son grand père travaillant à l’usine, de la fille du St-Laurent ou d’enfants de l’Est de Montréal, ses chansons magnifient le quotidien des gens ordinaires et rendent hommage à leurs esprits sages.
Avec sa pièce L’écrivain, issue de son album Une lumière allumée, Poulin rend un vibrant hommage aux enseignants qui marquent nos jeunes vies et nous encouragent à poursuivre nos rêves. Lui et son crayon magique pourraient devenir d’excellents porte-paroles pour la cause des professeurs… Heureux de se produire devant un public aussi généreux, on lui a laissé la chance de faire une pièce supplémentaire, Blanc cassé, aussi tiré de son dernier album. Alexandre Poulin : un artiste inspiré avec des histoires touchantes et rassembleuses. On a besoin de gens comme lui.
Liste des chansons :
Dans la poussière (3e album)
Souffler sur les braises (3e album)
Hochelaga (3e album)
Le mouvement des marées (3e album)
San Francisco (2e album)
Petit géant (3e album)
Une lumière allumée (2e album)
Comme des enfants en cavale (3e album)
Fernand (1er album)
L’écrivain (2e album)
Blanc cassé (3e album)
#FrancosMTL
Crédit photo: ©Véronyc Vachon