un magazine web axé sur la culture d’ici

On vous présente : Antoine Aspirine

Antoine Aspirine ou la rencontre des rêves d’enfant et le monde réel


© Antoine Aspirine, photo de Camille Gladu Drouin

Par : Myriam Bercier

MatTv vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous présenter des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, on vous présente Antoine Aspirine!

Antoine Aspirine est un auteur-compositeur-interprète, pianiste et guitariste originaire du sud de la France établi à Montréal depuis quelques années. Il a un diplôme de fin d’études en flûte traversière classique au Conservatoire d’Agen en France.  On a pu le voir prendre part au concours Ma première Place des Arts en 2019, duquel il a été finaliste, remportant deux prix. Il a aussi fait Destination Chanson Fleuve, le programme d’accompagnement artistique du Festival en chanson de Petite-Vallée destiné aux auteurs-compositeurs-interprètes de la relève. On peut aussi l’entendre jouer de la guitare pour la formation Benny’s Jungle, une formation de jazz traditionnel et swing. Il a également pris part à l’album de Mme Autruche paru le 2 juin 2019.


© Antoine Aspirine, photo de Camille Gladu Drouin

Il a mis sur pied son projet, S’il ne restait qu’un piano le 21 juin, dans lequel il a publié un vidéo par semaine d’une composition interprétée en piano-voix. Il a aussi lancé son premier EP, Langue natale, le 16 octobre dernier. Sa musique se situe à la croisée du blues et des grands espaces électriques. Ses mélodies sont simples et répétitives, mais elles atteignent la cible. Ses textes dépeignent parfois des personnages qui cherchent plus ou moins leur chemin. Par exemple, Langue natale évoque la peur de perdre sa langue natale alors que Après usage qui parle poétiquement du sentiment d’imposteur, de ne pas être vraiment ce que les autres perçoivent.

Je me suis entretenue avec Antoine Aspirine jeudi passé par zoom. On a discuté entre autres de l’inspiration derrière ses chansons, de Destination chanson fleuve et de son projet S’il ne restait qu’un piano. Sans plus attendre, voici notre rencontre mise sur papier, comme à l’habitude.

Myriam :  Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
Antoine : J’ai commencé tout petit la musique. J’ai commencé à l’âge de six ans. C’est pas mal ça qui m’a amené à faire de la musique. J’ai quelqu’un dans ma famille qui en fait beaucoup donc j’ai toujours été en contact avec la musique et l’école de musique c’est sûr ça m’a amené à en faire plus tard aussi.
Myriam : Tu t’es inscrit dans une école de musique en France, c’est ça?
Antoine : Oui, j’ai commencé à six ans, j’ai fait de la flûte traversière de 7 à 13 ans et j’ai continué après à faire de la musique jusqu’à maintenant.

Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire le plus pour créer une chanson?
Antoine : Plusieurs choses. Les autres chansons. Je pense que c’est en écoutant beaucoup de chansons que je trouve l’inspiration. C’est comme si les chansons s’influençaient les unes les autres un peu. C’est comme ça que je le vis. Sinon, je m’inspire des choses dans ma tête, des automatismes, beaucoup des choses qui viennent de l’enfance, des sentiments qu’on a quand on est enfant qu’on peut retrouver en étant adulte, mais qui sont peut-être un peu moins avouables, qu’on essaie de masquer en grandissant. Dans mes chansons j’aime bien les remettre à jour, de montrer que c’est encore là comme une espèce de naïveté.
Myriam : Tu disais les autres chansons t’inspirent, est-ce qu’il y a certains types de chansons ou des artistes qui t’inspirent plus que d’autres?
Antoine : Oui, il y en a qui m’inspire plus que d’autres, mais après ça change souvent. C’est souvent par période, il y a des périodes où je vais m’intéresser à tel artiste, je vais l’écouter en boucle et forcément ça va influencer ma façon d’écrire, ça va me redonner envie d’écrire, ça fonctionne beaucoup par période. Il va y avoir un deux ou trois mois où je vais avoir envie d’écrire des chansons et c’est souvent lié à la musique que j’écoute, aux artistes que je découvre.

Myriam : Pourquoi avoir choisi le nom d’Antoine Aspirine?
Antoine : C’est le nom de ma première chanson, ou en tout cas la chanson avec laquelle j’ai décidé d’écrire. J’avais peut-être écrit des chansons avant, mais celle-là, c’était la première finie. Aussi parce que je trouve que ça sonne bien, c’est important quand même. Et il y a une entrevue de Jacques Brel où il dit que quand on chante on est une aspirine. Je trouve que le mot revenait à plusieurs places quand même.

Myriam : Tu as participé à Destination Chanson Fleuve l’année dernière. Depuis, as-tu ressenti des répercussions sur ta carrière solo?
Antoine : Oui, beaucoup. Ça a été une expérience qui a changé beaucoup de choses. Avant Chanson Fleuve je faisais ça dans mon coin, la chanson, et je n’avais pas de projets concrets. Je n’avais pas de projets concrets pour avancer et je n’avais pas non plus la confiance nécessaire pour vraiment assumer le projet en soit. Faire cette expérience ça m’a vraiment fait rencontrer plein de gens et que ça m’a permis de comprendre que je pouvais le faire. Ça m’a donné une vraie confiance. C’est surtout ça que ça a fait.
Myriam : Qu’est-ce que ça t’a apporté comme expérience, concrètement?
Antoine : Des rencontres. Concrètement, c’est vraiment ça. Des gens avec qui écrire, de nouveaux amis musiciens et aussi des gens qui sont plus dans le milieu de l’industrie, dans le milieu de la chanson, des artistes qui ont beaucoup plus d’expérience, des mentors. Il y a plein de choses dans Chanson Fleuve, on a des cours, on a des ateliers, après on va à Petite-Vallée pour le festival, donc on rencontre plein d’artistes.

Myriam : Tu fais partie de plusieurs projets en plus de ton projet solo. Comment fais-tu pour jongler avec toutes ces obligations?
Antoine : En ce moment il n’y a pas beaucoup d’obligations (rires). Sinon j’ai quelques projets, je n’en ai pas beaucoup. Je te dirais que je ne sais pas comment je fais. En fait mon projet d’auteur-compositeur ne me prenait pas énormément de temps avant. Donc la question ne se posait pas vraiment parce que ça restait quelque chose qui était à côté. Là ça fait un an que c’est mon activité principale. Je n’ai pas encore assez d’activités en tant que chanteur pour être suroccupé et devoir abandonner d’autres projets. Donc le temps je le trouve, de toute façon je pense qu’on trouve toujours le temps quand on veut faire les choses. C’est important d’avoir d’autres projets à côté, ce n’est pas des obligations, je vois ça plus comme des… Après il y a des projets que j’ai… c’est sûr que j’en prends moins, je cherche moins de projets à côté qu’avant, mais c’est des projets qui sont là depuis un petit moment que je garde parce que j’ai envie de les faire avec des ami.e.s et tout ça.

Myriam : Sur ton bandcamp, on peut lire que tes « textes racontent cette joyeuse angoisse qui nait de la collision entre l’imaginaire d’une chambre à coucher et l’âpreté des rues extérieures. » Qu’est-ce que tu veux dire par là exactement?
Antoine : C’est pas clair hein? (rires) J’ai écrit ça il y a longtemps, mais j’aime bien le clash entre les rêves qu’on peut avoir de l’enfance, c’est-à-dire un peu les rêves qu’on a, c’est-à-dire on rêve à des choses inaccessibles et un peu irrationnelles comme un enfant en fait et la froideur du monde, la confrontation au monde qui est souvent bien différent. Après ce n’est pas une fatalité, je ne crois pas que le monde est âpre et que les rêves sont beaux, mais moi ce qui m’inspire beaucoup c’est le décalage entre l’idée qu’on se fait de quelque chose et la chose à la fin. L’âpreté des rues extérieures c’est la vie réelle. Il y a la chambre de l’enfant qui rêve et le monde extérieur qui est dangereux, différent et souvent décevant. C’est plus ça que je voulais dire.

Myriam : Tu as commencé un projet, S’il ne restait qu’un piano, le 21 juin dernier. Peux-tu nous parler un peu projet?
Antoine : Ça faisait longtemps que j’avais envie d’explorer l’écriture et la performance piano-voix, donc moins rock que ce que je fais d’habitude. C’est vraiment la pandémie, le confinement qui m’ont décidé à engager ce projet parce que j’avais le temps pour pouvoir travailler tout seul et donc j’ai décidé de faire des vidéos. J’ai rencontré quelqu’un aussi qui a habité chez nous pendant le confinement qui fait de la vidéo et qui est un vrai passionné de vidéo. Ça a aidé à élaborer le projet, on a un peu élaboré le projet ensemble. Moi j’avais l’idée de faire des vidéos piano, lui il était down de filmer, ça s’est un peu fait comme ça. L’idée était de proposer des chansons chaque semaine pendant l’été. C’est un format que j’aime, le piano-voix.

Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Antoine : Qu’est ce que tu ferais si tu n’étais pas musicien?

Quelque chose relié à l’écriture, je sais pas si ce serait des romans ou des scénarios ou tout simplement des critiques d’albums, mais je sens de plus en plus que mon rapport à a musique est lié à l’écriture des mots ou a la volonté d’écrire. C’est une chose que j’aimerais explorer dans le futur.

1.Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
I’m Going Down, Bruce Springsteen
2. Ta chanson de rupture préférée?
Latte Chumey de Philemon Cimon
3. Ta chanson d’amour préférée?
L’engeôlière, Richard Desjardins
4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage?
Benoît Paradis Trio
5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Merrie Land, de The Good the Bad and the Queen
6. La chanson qui te rend le plus heureux?
Live Forever d’Oasis
7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup?
Alain Bashung
8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Daydreaming de Radiohead
9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Napalm de Keith Kouna
10. Ta chanson (à toi) préférée?