Critique du concert Des airs de fêtes de l’Orchestre Métropolitain
Par : Annie Dubé
La blancheur de décembre a beau ne pas encore avoir habillé nos paysages, les spectateurs qui ont assisté au concert Des airs de fêtes de l’Orchestre Métropolitain ont eu droit à un avant-goût de la féérie de Noël, tant recherchée par certains d’entre nous, à travers plusieurs classiques musicaux. Et il y en avait pour tous les goûts! Peut-être même un peu trop?
Décorée de lumières colorées qui changeaient d’une pièce musicale à l’autre, la Maison Symphonique était le théâtre d’un bain festif. On a ratissé large, lors de ce concert à grand déploiement, qui rassemblait les musiciens de l’orchestre, un trio jazz montréalais mené par le pianiste Taurey Butler, les voix impressionnantes des chanteuses Mélissa Bédard et Kim Richardson, ainsi qu’un chœur de chanteurs. C’était un grand souffle de solstice qui a rempli la salle durant cet événement spécial.
Plus de 200 artistes ont contribué à nous mettre dans l’esprit des fêtes, au plaisir des adultes venus célébrer ce moment de l’année, comme celui des rares petits qui les accompagnaient.
Allant de célèbres titres comme Santa Claus is coming to town, Noël blanc, Joyeux Noël, Sleigh Ride ainsi que la Nutcracker Suite de Duke Ellington ou encore la Christmas Ouverture de Coleridge-Taylor, l’ambiance est passé de la nostalgie la plus familiale rappelant nos enfances à regarder des films de Noël, à des airs beaucoup plus décontractés par une énergie jazzée, sans oublier des passages vertigineux d’émotions.
Sublime dans ses paillettes dorées, Kim Richardson était scintillante. Malgré une ou deux maladresses dans les paroles, elle a charmé le public avec sa voix et sa présence. Quand Mélissa Bédard est apparue elle aussi sur scène, ce qui a mené à plusieurs duos et solos au fil du spectacle, les deux grandes voix ont su aller puiser dans nos souvenirs les plus tendres, rappelant parfois la profondeur d’une Ginette Reno, d’autres fois des airs de gospel.
Le chef Yannick Nézet-Séguin, fidèle à son enthousiasme habituel, a ponctué son plaisir d’y être avec ses petits bons remplis de complicité envers ses musiciens. On sentait un sens de la famille adoptive, dans ce Noël avant le temps!
Avec des chansons magistrales, à l’occasion plus inspirées d’un influence de cabarets, on passait de l’impression d’être dans une grande cathédrale gothique à celle d’assister à la parade du père Noël, en traversant même une certaine ambiance de speakeasy.
Lors de quelques moments intenses, il semblait toutefois que les voix de ces deux talents aimés du public se faisaient enterrer dans une brève cacophonie, pendant que l’orchestre montait elle aussi de volume.
Chose certaine, il y avait des frissons au rendez-vous, entrecoupés de moments de délicatesse et de douceur.
Le public a ovationné à plusieurs reprises les divas pleines de charisme et de coffre.
Bien qu’imparfait et inégal, ce concert aura été un beau collectif d’humains, venus rassembler les cœurs d’enfants de chacun, ce qui en soi, est bel et bien le sens de la magie des fêtes. Grincheux de Noël, s’abstenir lors de ce concert hors-série!
Crédit de couverture : François Goupil
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