Payare et la neuvième de Mahler

Rafael Payare poursuit le cycle Mahler, initié en 2022 (lors de son arrivée), avec la Symphonie n° 9, une œuvre instrumentale d’une richesse inouïe où chaque note résonne avec une profonde émotion. Mahler y orchestre une réconciliation poignante entre l’être humain et l’univers, offrant une spiritualité intense et créant des instants de beauté époustouflante. Une opportunité de vivre un concert mêlant intensité musicale et introspection.
Écrite pour l’essentiel en 1909, alors que le compositeur se savait gravement malade du cœur, la Symphonie no 9 est en quelque sorte son adieu à la vie. Entendre une œuvre d’une telle ampleur éminemment bien préparée par un ensemble d’élite comme l’OSM, dirigé avec l’engagement physique habituel de Rafael Payare, est un intense plaisir esthétique. Le public était extrêmement attentif.

Rafael Payare aborde la Neuvième avec justesse, alliant la rigueur du contrôle à l’audace du geste. Plutôt que de céder à la tentation de l’accélération dans les grands crescendos mahlériens, il en retient la tension, lui conférant une densité expressive d’autant plus saisissante. L’orchestre, en grande forme, a répondu à cette vision avec une grandiose cohésion.
L’ensemble formait qu’un , animé par ce même idéal excellence, reflet évident de la complicité que Payare a su instaurer au sein des troupes. Cette cohésion unique trouve son point culminant dans les dernières pages de la symphonie. La dernière page, donnée dans un silence que l’on décrirait comme mystique, où Payare laisse les cordes étioler les ultimes mesures avec d’une pureté déconcertante, voire bouleversante. Saisie par cette intensité fragile, la salle demeura figée dans une communion silencieuse, hors du temps.