Lorsque la fiction rejoint la triste réalité
Par: Mylène Groleau
C’est le 27 octobre prochain, dès 21 h, sur les ondes de Radio-Canada que vous pourrez débuter le visionnement des 6 épisodes de l’anthologique saison 3 de Plan B, à raison d’un épisode par semaine. Cette nouvelle mouture ne vous décevra aucunement tout comme ses précédentes. Écrite bien avant l’augmentation de cas de féminicides qui plane actuellement sur notre société, le sujet de fond mettra en lumière ce fléau plutôt fragile mais dont il est important de souligner la présence.
Pour sa toute première fois, la fiction (scénarisée par Jean François Asselin et Jacques Drolet, réalisée par Jean-François Asselin et produite par Louis Morissette, Louis-Philippe Drolet, Alain Chicoine ainsi que Marie-Claude Beaulieu pour KOTV) entraînera le personnage principal à faire appel à Plan B, non pas pour modifier son propre cours d’histoire, mais bien pour tenter de sauver les autres. Une quête de solutions pour autrui qui conduira le personnage principal, à son insu, dans sa propre intériorisation.
La saison 3 de Plan B est un drame psychologique qui nous amène dans les méandres de l’esprit humain. Celui d’une femme qui, voulant changer le destin dramatique d’une famille, découvre… le sien.
Anne-Élisabeth Bossé incarne à la perfection Mylène Clermont, policière en quête de vouloir changer le monde, qui goûtera aussi à l’amertume du système judiciaire. Ce qui s’annonçait tout simplement comme une journée de routine avec son partenaire de patrouille (Patrick Emmanuel Abellard), Mylène tombera, de façon impromptue, sur le numéro de Plan B. Cherchant à connaître la provenance de celui-ci, une situation de violence conjugale la mènera à utiliser, à son tour, Plan B, afin de prévenir et éviter l’issu d’un drame familial.
Insidieusement et grâce à Plan B, Mylène tentera de déjouer, à sa façon et avec beaucoup d’acharnements, la justice pour remonter le temps afin de changer le cours de l’histoire et ainsi éviter le meurtre commis par Bruno (Vincent Leclerc) envers sa conjointe Caroline (Mélanie Pilon). En parvenant à entraver celui-ci, elle tentera de profiter de Plan B pour arrêter des criminels notoires. Devenant peu à peu l’héroïne du poste 43, elle devra composer avec sa quête de vouloir sauver les gens et le moment où tout cela doit cesser.
Mylène, qui connaît et subi les assauts judicaires en tentant de sauver ce qu’elle peut d’une relation pourtant bien terminée, goûtera, elle aussi, à l’amertume du système de judiciaire devant un juge misogyne, en tentant de sauver ce qu’elle en peut. Prête à tout laisser à son ex, Guillaume (Pierre-Luc Brillant) pour préserver ainsi sa relation avec son beau-fils Justin (Thomas Haché) avec qui elle a établi un profond lien d’attachement.
Choisir de s’occuper soi-même du cours des événements, en faisant appel à Plan B, mènera Mylène dans un tourbillon d’affrontements face à ses propres démons. Issue d’une famille qui sait taire les problèmes elle ira de questionnements en questionnements sur ce qui pousse un homme à agir ainsi et vouloir détruire sa propre famille. De quelle façon peut s’amorcer un processus de vouloir faire du mal pour se sentir mieux. Mais surtout, quelle sera sa place au sein d’un organisme qui impose la loi tout en laissant la justice s’occuper du reste avec des sentences questionnables.
Anne-Élisabeth Bossé est tout simplement phénoménale dans son personnage. Celle qui s’est investie autant mentalement que physiquement pour offrir une policière plausible en tout point ne nous déçois aucunement. Elle est tout simplement parfaite dans son rôle. Elle supporte la série avec tant de crédibilité.
Pour sa part, Vincent Leclerc est tout aussi parfait dans le rôle d’un homme habité par un historique de violence et qui parvient même à nous tirer une certaine pitié à son égard de par sa vulnérabilité profonde. On se prend au jeu et on fini presque par espérer sa rédemption.
Nous ne pouvons passer sous silence le succès à l’International que connaît Plan B. Des sujets bien exploités. Des artistes investis. Une mise en scène fictive remarquable. Un motus operandi innovateur avec des retours en arrière intrigants, introspectifs et joint à une fiction si près d’une réalité pour changer le cours d’une histoire. Plan B nous transporte dans des questionnements traités en profondeurs.
Ce n’est pas pour rien que la série fût primée en 2017 à La rochelle en tant que meilleure série francophone étrangère au Festival de la fiction de La Rochelle. Elle connaît, notamment un essor en France, en Belgique et maintenant en Allemagne.
On nous promet une conclusion originale, intéressante et audacieuse. Un affront de colère sous une conclusion que l’on désire de rédemption. Dans l’attente d’un Plan B saison 4 qui mettra en vedette Pier-Luc Funk, le processus est déjà entamé nous dit-on. La saison 3 et 4 ayant dû être inversées pour cause de la pandémie qui sévit actuellement.
Bien heureuse de retrouver les jumeaux stoïques face aux situations qui déclenchent le processus de vouloir à tout prix changer le cours des histoire et ce qui poussent les personnages à faire appel à Plan B. De pousser à nouveau les réflexions sur des événements qui nous touchent et qui susciteront des discussions dans nos foyers, j’en suis certaine.
Les 6 épisodes qui couvriront la troisième saison seront présentés sur les ondes d’Ici Télé dès le 27 octobre prochain, 21 h. D’ici là, pour revoir en rattrapage les saison 1 et 2, rendez vous sur l’EXTRA de Tou.tv.