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Punk désuet et Rock perdu, Headstones et The Tea Party au Mtelus

Lorsque la nostalgie devient frustration

groupe Headstones
Crédits : Headstones

Par : Marin Agnoux

C’est au Mtelus que l’on se retrouve pour la tournée bien spéciale de Finger Eleven, Headstones et The Tea Party. Avec un peu de retard et après le concert de Finger Eleven, le temps se fait ressentir. Headstones entre en scène dans une nonchalance à l’anglaise aux sonorités américaines et propose un punk amoureux du rock. Un mélange qui pourrait paraître mal amené au premier abord, mais Headstones n’a pas l’air de s’en préoccuper.

Les morceaux s’allongent dans de longues improvisations parfois redondantes, mais l’énergie du public ne cesse de les complimenter de manière vitale. Le concert ne s’arrête plus, quitte à repousser le retard. Dans des medleys de leurs morceaux les plus connus, Headstones s’amuse avec la salle et nargue presque l’équipe technique du retard pris. Avant de sortir, Hugh Dillon casse son micro pour marquer la fin du show, à moitié fier, comme pour affirmer son côté punk : une tête de mule qui n’écoute personne. C’est sûrement ça qu’il voulait nous dire, mais son côté quelque peu égocentrique et prétentieux démystifie assez facilement ses actes. Un punk désuet aux convictions perdue cherchant un réconfort dans l’égo trip.

chanteur de The Tea Party
Crédits : The Tea Party

Après une attente qui a semblé une éternité, The Tea Party arrive sur scène sous les applaudissements soulagés du public. Un rock industriel fait par Led Zeppelin et chanté par Jim Morrison : c’est comme ça que l’on se souvient de The Tea Party, et la promesse est tenue. Le psychédélisme hypnotique traverse les titres Heaven Coming Down, Temptation, A Certain Slant of Light, au réjouissement du public chantant à tue-tête, comme demandé par le chanteur Jeff Martin. Des guitares frottées stridamment à l’archet, des basses grasses et profondes et une batterie presque progressive : on en a pour nos beaux yeux, c’est bien vrai.

Mais malgré l’aisance scénique, les solos à tout-va et le charisme assumé devant un décor visuel frôlant le kitsch, le groupe se complaît à ne jouer que leurs anciens titres. Enfermés dans leurs succès d’il y a une trentaine d’années maintenant, la liberté artistique s’est-elle perdue à cette époque ? Ou la peur s’est-elle emparée d’eux, celle de ne plus retrouver la même notoriété ? The Tea Party n’a rien à se reprocher : ils offrent ce que le public attend d’eux.

guitariste The Tea Party sur la scène
Crédits : The Tea Party

Mais dans la redondance du classique, on finit par se perdre sous l’écroulement d’une musique dénuée de sens par le temps. On sort de la soirée dubitatif, questionnant à quel point la nostalgie permet de faire une carrière. Un concert qui n’a rien d’une mauvaise prestation, je dois dire, mais le manque de changement apporté par les années d’expérience offre parfois une frustration difficilement détachable.