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Qualité et succès au rendez-vous

Les 33e Rendez-Vous du Cinéma Québécois

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©RVCQ

Par  Loïc Lepage et Maxime D.-Pomerleau

Ce samedi s’est clôturée la 33e édition des Rendez-Vous du Cinéma Québécois (RVCQ) avec le film Chorus du réalisateur François Delisle, dernier Tapis bleu et dernier discours pour cet événement. Après dix jours intenses, l’heure du bilan est arrivée et ainsi l’occasion de revenir sur nos coups de cœur de l’édition 2015.

Pour ce qui est des longs métrages, on ne peut s’empêcher d’évoquer Les Loups de Sophie Deraspe, dévoilé en avant première, à l’ouverture du festival. Une œuvre sincère et touchante qui ne laisse pas indifférent, sur une communauté coupée du monde, en pleine évolution entre survie et traditions. Il serait injuste de ne pas citer Chorus du cinéaste Francois Delisle ou encore Autrui de Micheline Lanctôt. Des films sombres et mélancoliques, où l’optimisme reste toutefois présent. La sélection des œuvres en nomination au Jutra présentée aux RVCQ15 regorgeait de qualité, notamment avec Mommy et Tom à la ferme du favori Xavier Dolan. Le premier n’est plus a présenter tant le succès a été retentissant à travers le monde, alors que le second qui gagne à être connu est une oeuvre singulière dans la cinématographie du réalisateur. Enfin, on retrouve dans les coups de cœur de MatTv.ca Rhymes For Young Ghouls de Jeff Barnaby qui réalise, pour son premier long métrage, une composition choc, troublante et magnifique. Il est ici question de la place des Amérindiens au cœur des années 70, pris entre religion et oppression, dressant un tableau violent mais rempli de grâce. Un réalisateur a suivre, sans aucun doute.

Les documentaires étaient eux aussi à l’honneur ces dix derniers jours. Le Profil Amina, réalisé par Sophie Deraspe et produit par la boîte Esperamos, est un documentaire percutant sur notre relation avec l’Internet et les réseaux sociaux. Présenté en première mondiale au festival de Sundance, le film revient sur le troublant épisode médiatique d’Amina, la fausse blogueuse Syrienne qui avait enflammé les médias de l’Occident avec ses récits du Printemps Arabe… et qui, en fait, n’existait pas. Respect éternel à Sandra Bagaria, protagoniste principale du film, qui a mit ses tripes sur la table et partagé une histoire forte, affolante et qui fait énormément réfléchir. Toute personne qui passe trop de temps sur Facebook devrait regarder le film, qui sortira en salle le 10 avril. Le plancher des vaches d’Anaïs-Barbeau Lavalette et Émile Proux-Cloutier, ainsi que La marche à suivre de Jean-Francois Caissy ont tous deux marqué les festivaliers par leurs sujets et la justesse du traitement; l’adolescence et l’apprentissage de la vie au cœur du Québec, dans des milieux qu’on croirait incompatibles. L’œuvre de Simon Beaulieu, Miron : un homme revenu d’en dehors du monde, qui a clôturé les RVCQ 2014, était de nouveau présentée pour nous marquer du génie du poète au travers d’une fresque expérimentale composée uniquement d’images d’archives. Un film dont on ne ressort pas indemne et la tête emplie de poésie.

Bien que les longs métrages volent souvent la vedette dans les festivals, les Rendez-Vous font la part belle aux courts métrages et on a eu droit à une excellente sélection à se mettre sous la dent. Petit Frère de Rémi St-Michel est déjà un classique des courts métrages! Tourné en noir et blanc, rempli d’humour, le film est d’une simplicité et d’une authenticité désarmante. On prend un réel plaisir à suivre les deux protagonistes joués par Étienne Galloy et Éric K. Boulianne, aussi derrière le scénario. Y2O {distillé} de l’artiste médiatique Dominique Skoltz est un fascinant court métrage d’une poésie sans nom. On y suit deux danseurs totalement immergés dans l’eau, enfermés dans un cube de verre. Des images magnifiques sur une musique planante, on ne peut être qu’hypnotisé par la beauté des corps et des mouvements fluides de Jacques Poulin-Denis et Vanessa Pilon. Vous pouvez découvrir l’installation au Centre Phi jusqu’au 7 mars.

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©Courtoisie

Sacré grand gagnant du dernier gala Prends ça court! et des RVCQ 2015, Mynarski chute mortelle du cinéaste Matthew Rankin propose une épopée hallucinogène sur pellicule enflammée. L’histoire d’Andrew Mynarski, un héro de la Seconde Guerre mondiale de Winnipeg (ville d’origine de Rankin) et de sa chute mortelle, auront reçu un bel hommage en devenant ce bijou artistique inusité. À voir sur grand écran si vous n’êtes pas épileptique. Une autre découverte des programmes Choix du chef 2015, le film Un peu comme Simone de la cinéaste Sarah Pellerin, présenté en première mondiale, est tout simplement jouissif à regarder. Pour le caractère sans compromis de Simone, une universitaire en crise existentielle parfaitement interprétée par Catherine-Audrey Lachapelle, et pour les dialogues savoureux, ce film de 10 minutes croque sur le vif la société schizophrène et oppressante dans laquelle on vit avec beaucoup d’humour. Enfin, le meilleur pour la fin. Un court métrage qui allie le fond et la forme avec Prends-moi, réalisé par Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin, aussi directeur photo pour Mommy et Tom à la ferme. Sélectionné dans une trentaine de festivals internationaux et plusieurs fois récompensé, il a notamment remporté le prix de la meilleure réalisation au dernier gala Prends ça court!. Un moment de cinéma touchant sur un sujet sensible, illustrant la relation sexuelle entre personnes lourdement handicapées, pour qui une chose compliquée peut se transformer en un moment unique. À voir absolument.

Le festival a aussi rayonné par ses 5 à 7 et ses Nuits éclatées avec notamment l’événement Bleu Nuit et ses récits érotiques mais aussi l’hommage touchant à Jean-Claude Labrecque. Bref un incontournable du cinéma québécois, riche en contenu et en émotions, à explorer seul ou accompagné. Mais comme toute choses, et même les meilleures, il y a une fin et les Rendez-Vous du Cinéma Québécois 2015 sont terminés. Patience, jusqu’à l’année prochaine!

#RVCQ15