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Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

Tous pour rire, rire pour tous

Crédit photo : Sébastien Jetté

Par : Jean-Claude Sabourin

Que peut-il advenir lorsque la diversité s’invite dans son intimité familiale? Quand elle n’est plus un concept lointain, mais une réalité qui se déploie dans son salon? C’est probablement à ces questions qu’on tenté de répondre les auteurs français à l’origine du film « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu » sorti il y a plus de 10 ans.

L’adaptation québécoise d’Emmanuel Reichenbach, mise en scène par Michel Maxime Legault, et présentée au Théâtre Jean-Duceppe dans le cadre du Festival Juste pour rire 2025, inscrit l’œuvre dans une intimité résolument québécoise. Le couple qui voit ses quatre filles s’éprendre d’hommes d’origines et de confessions diverses est joué par Rémy Girard, le père, et Marie-Ginette Guay, la mère. Des québécois lambda.

Crédit photo : Sébastien Jetté

Évidemment, on a affublé le personnage du père de toutes les intolérances possibles afin d’exacerber l’effet comique de la pièce. Entre les mains de Rémy Girard, c’est un outil très efficace. Quand à la mère, elle accueille le choix de ses filles dans l’amour qu’elle a pour ses enfants et doit naviguer au sein de la mauvaise foi du paternel. Marie-Ginette Guay est une virtuose de ce type d’héroïne.

Ainsi, pendant la première partie de la pièce, alors que se construit notre compréhension de l’ambiance familiale, on assiste à des échanges serrés et très drôles. La qualité de l’adaptation nous fait vite oublier l’origine européenne du scénario, bien qu’on ait dû emprunter certains passages d’autres œuvres à cet effet, notamment en matière de jurons québécois.

Crédit photo : Sébastien Jetté

Il est intéressant de constater que les personnages de gendres dans la version québécoise possèdent un profil culturel complètement différent de ce que l’on voit dans le scénario original. Alors que dans le film tous les gendres montrent une excellente intégration à la culture française, ici on constate que seul le gendre d’origine asiatique semble totalement intégré à notre culture.

Ça représente une réalité qui porte à réfléchir. Serait-ce la relative jeunesse de l’immigration non-européenne chez nous? Notre manque de capacité d’intégration? La faible attractivité de notre culture? Nos intolérances collectives? La réponses n’est pas évidente. Néanmoins, cet état de fait est fabuleusement exploité et donne lieu à des moments hilarants.

Crédit photo : Sébastien Jetté

C’est dans la deuxième partie de la pièce que Widemir Normil apparaît dans le rôle de Joseph, père africain de Wilson qui va marier la fille cadette. Il ne laisse pas sa place en matière d’intransigeance. Toutefois, le personnage n’est pas suffisamment intolérant pour bien justifier la confrontation qui s’établira entre les deux pères, mettant le projet de mariage à mal. À vrai dire, le récit de la deuxième partie apparaît plus brouillon et moins juste qu’au début de la pièce. Les événements de cette portion de l’histoire déboulent sans trop bien comprendre ce qui les sous-tend.

Par ailleurs, une large distribution, incluant des actrices et acteurs de très haut niveau, s’accapare sûrement une large part du budget d’une telle production. Ainsi, les décors sont minimaux et n’offrent pas toute la profondeur attendue.

Crédit photo : Sébastien Jetté

Cependant, puisque les préjugés ne sont pas l’apanage d’un peuple ou d’une personne, et que ces préjugés visent aussi des gens de notre propre culture, la pièce réussie à nous faire réfléchir sur ce qu’on laissera derrière nous. De plus, et c’est le plus important ici, elle réussi à beaucoup nous faire rire.

Le reste de la distribution est composée de Monika Pilon, Maxime Mompérousse, Isabeau Blanche, Sébastien Tessier, Ariel Ifergan, Mehdi Boumalki, Nicolas Michon, Marie-Eve Soulard La Ferrière et Marie-Ève Trudel.

La pièce sera présentée un peu partout au Québec. Vous pouvez vous procurer des billets ici.

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