Anny Lemire

Sur des airs de magie

Plein cap sur la comédie musicale Cinderella

Présentement en tournée nord-américaine avec Broadway Across Canada, la production musicale Cinderella débarque à la Place des Arts avec ses airs de contes de fées. D’abord créee en série télévisée en 1957, le Cendrillon de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II avait comme tête d’affiche la talentueuse Julie Andrews. D’autres adaptations ont suivi, notamment une reprise en 1965 et une autre en 1997. Sur les planches, c’est depuis 1958 qu’on peut observer cette production, mais c’est seulement en 2013 que le spectacle paraîtra sur Broadway après une réécriture par Douglas Carter Beane. Cette nouvelle version permettait surtout d’actualiser le récit en y insérant notamment des propos à saveur politique et en introduisant de nouveaux personnages ainsi que quatre chansons supplémentaires.

Dès notre arrivée en salle, la scène se présente comme une grande forêt. Des arbres majestueux et moult feuillages occupent l’espace, présageant déjà le meilleur pour le spectacle à venir. L’histoire est en grande partie celle de la Cendrillon classique: maltraitée par sa famille, soumise aux caprices de sa belle-mère et de ses méchantes sœurs. Pour trouver une femme au prince, Sébastien, le tuteur légal de ce dernier, organisera un grand bal. S’en suivra la classique, mais néanmoins hallucinante, transformation de la citrouille en carrosse et des animaux en cochets et en chevaux ainsi que la rencontre inévitable entre les deux âmes sœurs. Par contre, la Cendrillon du récit est plus fougueuse et plus impliquée dans le monde qui l’entoure. Influencée par Jean-Michel, un nouveau personnage à l’esprit rebel et revendicateur, elle tentera de convaincre le prince de la pauvreté du Royaume, mais gardera tout de même son côté rêveur qui nous charme tant.

La vivacité d’esprit des personnages est rafraîchissante. Pour une fois, le prince n’est pas narcissique et égocentrique. À 21 ans à peine, fraîchement sorti de l’université, ce dernier est même un peu en crise existentielle. Les personnages sont colorés, attachants et franchement hilarants. Les propos tenus pendant les chansons et à travers le texte font rire de bon cœur, mais savent également faire réfléchir, notamment la notion que rien n’est impossible et que personne n’est trop ordinaire pour accomplir ce qu’il désire.

La scène est somptueusement garnie de décors des plus hallucinants! Les éléments du palais royal sont particulièrement saisissants, surtout durant la dernière scène du spectacle. Les changements de costumes sont exécutés au quart de tour dans des manières spectaculaires relevant presque de la magie et dénotant des heures et des heures de pratique et de coordination, émerveillant le public à tout coup.

Les chansons par contre m’ont quelque peu refroidie. La performance de Tatyana Lubov en Cendrillon n’arrive malheureusement pas à la cheville de celles de Julie Andrews ou Laura Osnes. Elle a tout de même une puissante voix, qui, surtout pendant les duo avec Hayden Stanes, émeut. Les textes sont très anodins et les mélodies manquent parfois d’entrain. L’impression d’avoir déjà entendu les mélodies revient maintes fois. Bien sûr, certaines compositions doivent être écoutées plus d’une fois avant de bien les assimiler et les apprécier. Je ne peux nier que certaines d’entre elles sont carrément attachantes et ont flotté dans mon esprit jusqu’au retour à la maison. C’est le cas de The prince is giving a ball, un numéro mettant en scène les villageois et l’annonceur du roi ainsi qu’une chorégraphie des plus superbes.

Présentée du 18 au 23 octobre 2016 à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, la comédie musicale Rodgers and Hammerstein’s Cinderella met en vedette Tatyana Lubov, Hayden Stanes, Vincent B. Davis, Ryan M. Hunt, Leslie Jackson, Chris Woods, Sarah Primmer, Mimi Robinson et Joanna Johnson. Pour plus d’informations ou pour vous procurer des billets, c’est ici.