OSM : Le songe d’une nuit d’été de Rafael Payare
Par : Annie Dubé
C’était une soirée bien spéciale à la Maison Symphonique, à l’occasion de la représentation du Songe d’une nuit d’été de Rafael Payare, en compagnie de l’orchestre de l’OSM et des jeunes comédiens doués qui donnaient forme à ce concert scénique. Une rencontre douce, entre les fées et les notes de musique, parfaite transition entre deux mondes pour dire au revoir à la belle saison estivale.
Après une courte première partie de soirée des plus vibrantes, dédiée à l’œuvre Nocturnes, L. 91 de Claude Debussy, le public de l’OSM a exploré un territoire hybride particulièrement intéressant, en assistant à un joli mélange entre l’orchestre et les planches de théâtre.
Tout en imagination, la mise en scène de Catherine Vidal a su explorer l’espace scénographique disponible autour des musiciens classiques, un territoire de jeu à la fois vaste et restreint, pour dérouler le tapis de cette fabuleuse pièce que l’on doit à William Shakespeare. Usant de créativité ludique et colorée, ce classique est apparu sous un nouveau jour dans une mouture que l’on pourrait qualifier d’extraordinaire, grâce à l’inventivité minimaliste et efficace de ce récit raconté tout en mouvement.
Cette rencontre entre la composition de Felix Mendelssohn et les mots francisés de Shakespeare n’aura pas été ennuyante.
Du talent d’un bout à l’autre de la scène
Avec plus d’une vingtaine de voix dans un chœur, d’une alto (Anna-Sophie Neher) et d’une contralto (Rose Naggar-Tremblay), qui ponctuaient le spectacle à l’occasion avec des chants en langue allemande, on en a eu plein la vue et les oreilles.
Bien qu’à l’occasion, j’avais l’impression d’être passée d’un concert à une pièce de théâtre de manière un peu déstabilisée, l’expérience fut sans contredit rafraichissante et inspirante.
Les jeunes acteurs talentueux ont tous su nous faire oublier le temps plus frais de septembre, tout en nous réchauffant le sourire avec des moments particulièrement cocasses, où le jeu loufoque des comédiens faisait changement du décorum habituel des salles de concert.
Une mention spéciale à Tiffany Montambault dans le rôle d’un adorable Puck, ainsi qu’à Simon Beaulé-Bulman (Bottom) et à Valérie Tellos (Lecoing) pour l’apport majeur à la comédie.
J’ai même cru apercevoir un musicien qui tentait de garder son sérieux, comme un garde de la Famille royale en poste, alors que son petit sourire semblait retenir un fou rire des plus compréhensibles. Sympathique moment d’humanité.
Ce fut plutôt méta de voir, vers la fin de la représentation, un personnage de la pièce s’adresser directement à l’ensemble des musiciens dans une interaction gestuelle, créant un dialogue entre ces deux univers parallèles et complémentaires.
Vraiment, bravo à l’OSM d’oser ce genre de renouveau et de lieu entre différents médiums de l’imaginaire, afin de créer une merveilleuse symbiose sans trop de dissonance.
Soulignons aussi l’ovation de l’auditoire en hommage au violoniste solo Richard Roberts, afin de souligner son passage à la retraite. Un moment très touchant. Merci pour la musique, monsieur Roberts!
Distribution :
Rafael Payare, chef d’orchestre
Samuël Côté, comédien (Thésée, Obéron)
Sofia Blondin, comédienne (Hyppolite, Titania)
Mattis Savard-Verhoeven, comédien (Lysandre)
Rebecca Vachon, comédienne (Hermia)
Simon Beaulé-Bulman, comédien (Démétrius, Bottom)
Valérie Tellos, comédienne (Helena, Lecoing)
Tiffany Montambault, comédienne (Puck)
Myriam Leblanc, soprano
Rose Naggar-Tremblay, contralto
Chœur de l’OSM
Andrew Megill, chef de chœur
Le poste de chef de chœur est généreusement parrainé par Mme Ann Birks, en mémoire de Barrie Drummond Birks.
Catherine Vidal, mise en scène et adaptation
Patrice Charbonneau-Brunelle, scénographie et costumes
Chantal Labonté, conception d’éclairages
Marisol Vachon, assistante scénographie et costumes
Gerard McBurney, adaptation
Crédit photo de couverture : Antoine Saito
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