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Tom Odell au MTELUS

Un virtuose en toute intimité

MTELUS
Crédit photo : Florence Lachapelle/Mattv

Par : Mathieu Pedneault

Lundi au MTELUS, Tom Odell a proposé un concert d’une sobriété assumée : scène épurée, six musicien·ne·s, place faite aux nuances et à la dynamique du chant. Malgré une entrée en scène légèrement tardive (21 h 20), la salle, surtout 18–35 ans, mais très mixte est restée suspendue jusqu’au final, survenu entre 23 h 05 et 23 h 15. La jauge du MTELUS (environ 2 300 personnes) offrait un écrin idéal pour cet exercice de proximité.

La tenue scénique

Auteur-compositeur britannique originaire de Chichester et lauréat du Brits Critics’ Choice (2013), Odell s’est bâti une réputation sur un alliage rare de fragilité et de puissance. Son premier album, Long Way Down, a débuté n° 1 au Royaume-Uni, tremplin qui aurait pu l’installer uniquement dans les grandes salles, mais qu’il choisit ici de contenir dans un format intimiste où chaque souffle compte.

Sur scène, il alterne couplets murmurés et montées franches, dirige le groupe au geste, et se permet quelques fulgurances (banc de piano renversé, pied sur l’instrument, parfois perché sur le piano) qui injectent une tension rock, presque punk sans rompre la ligne musicale. Cette gestion des dynamiques, très « conservatoire » dans l’exigence et très « club » dans l’instinct, donne le ton de la soirée.

Tom Odell
Crédit photo : Florence Lachapelle/Mattv

Les ouvertures

La soirée a été lancée par deux premières parties, dont l’officielle Jade Bird, annoncée comme première partie sur la date montréalaise. L’autre set, bref et non crédité publiquement serait un band torontois de ce que j’ai pu comprendre, a servi d’amuse-bouche avant l’arrivée d’Odell.

Le dispositif met le piano et les cordes au centre, avec des cuivres utilisés parcimonieusement pour épaissir les climax. On perçoit un dialogue constant entre Odell et l’ensemble : plus qu’un chanteur au piano, un chef d’orchestre qui modèle tempo, intensité et respirations. Côté salle, les réactions sont franches, silences d’écoute, refrains repris, larmes discrètes et signe d’une connexion directe entre scène et gradins.

Point d’orgue : Another Love

En clôture, Another Love retrouve sa vigueur d’origine : hymne mondial devenu phénomène intergénérationnel. La seule version album cumule désormais plus de 3,23 milliards d’écoutes sur Spotify, chiffre vertigineux qui explique l’unisson immédiat dans la salle. Sur scène, Odell en réduit les ornementations : moins de couches, plus de souffle, pour un texte qui parle de l’usure d’aimer quand on a déjà trop donné.

Odell MTELUS
Crédit photo : Florence Lachapelle/Mattv

Repères et chiffres

  • Album n° 1 UK : Long Way Down entre directement en tête de l’Official Albums Chart (30 juin 2013).

  • Puissance streaming (artiste) : plus de 6,29 milliards d’écoutes agrégées sur Spotify pour l’ensemble du catalogue de Tom Odell (classement Most-Streamed Artists on Spotify , mis à jour quotidiennement).

  • Mensuels Spotify : environ 32,5 millions d’auditeurs/auditrices au 30 septembre 2025.

Tom Odell gagne à être vu en format intimiste : on y entend la charpente des chansons, l’arc de la voix et les respirations du groupe, sans filtre. Arriver tôt, casser la croûte au Central tout près, puis filer au MTELUS : la formule idéale pour une soirée où la musique prend toute la place — sobre, tenue, et par moments bouleversante.

Crédit photo : Florence Lachapelle /Mattv