Tarantino récidive
© Sony Pictures
Par : Normand Pineault
La sortie d’un nouveau film de Quentin Tarantino est aujourd’hui presque devenue un événement en lui-même, puisque les amateurs savent qu’ils peuvent s’attendre à du cinéma de qualité. Que ce soit grâce à d’astucieux et brillants dialogues, grâce à l’attention portée aux détails de chacun des décors et accessoires, ou même pour une narration géniale, emplie d’humour noir et subtil, chacune des œuvres du réalisateur a su d’une manière ou d’une autre frapper les spectateurs par le passé. Et Once upon a time in Hollywood ne fait certainement pas exception à la règle, et réussit même à se classer très haut dans la liste de ses classiques.
Le film nous raconte l’histoire de Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), une vedette de télévision sur le déclin, et de Cliff Booth (Brad Pitt), sa doublure pour les cascades, qui luttent pour tenter d’atteindre la célébrité dans l’effervescence d’Hollywood de 1969. Bien que tous deux fictifs, les deux personnages croisent toutefois la route de bien des personnalités réelles de ce temps, dont Steve McQueen joué par Damien Lewis, Sharon Tate interprétée par Margot Robbie, et même celle du tueur Charles Manson et de sa famille. Les courtes apparitions sont également à profusion tout au long du film, incluant Al Pacino, Kurt Russell, Dakota Fanning, Timothy Olyphant, et même Luke Perry, qui nous offre ici sa dernière petite apparition à l’écran avant son décès.
Comparativement à bien des films qui sortent aujourd’hui au cinéma, où l’action et le montage nerveux tentent de nous engourdir l’esprit, Once upon a time in Hollywood est un efficace coureur de fond, qui semble venir tout droit de l’an 1969. Les longs dialogues typiques des films de Tarantino, dans lesquels même les sujets banals sont savoureux, vous emmènent lentement mais sûrement, sans même vous en apercevoir, vers une finale « coup de poing » gratifiante. Cela dit, bien des gens habitués aux films rapides s’ennuieront peut-être du manque d’action vers le milieu, tandis que d’autres se délecteront plutôt de l’humour noir de plusieurs scènes, qui font de cette œuvre l’une des plus comiques du réalisateur.
Bien que le duo d’acteurs soit parfait ensemble, et que Brad Pitt soit excellent dans son rôle d’antihéros charismatique, c’est vraiment la performance de Leonardo DiCaprio qui vole la vedette. Son jeu allant d’un extrême à l’autre est tout à fait convaincant, et même hilarant par moment en voyant à quel point il se moque de son propre travail d’acteur, et fait passer les 2h41 minutes du film sans problème. L’attention phénoménale portée aux détails des costumes, voitures, publicités, séries télévisées, produits, et aux mentalités est aussi un incontournable du film. C’est tout comme si Tarantino en avait fait une lettre d’amour à cet Hollywood de l’époque. En bonus pour les amateurs, il s’est même permis d’inclure, de façon plus ou moins subtil des clins d’œil de plusieurs de ses précédents projets, dont Pulp Fiction, Reservoir Dogs, Kill Bill, Inglorious Basterds, Death Proof, The Hateful Eight, et bien d’autres.
Ce film n’est peut-être pas pour tout le monde, et n’est peut-être pas le meilleur du réalisateur, mais c’est à ne pas manquer pour du cinéma qui nous sort de la routine qu’est désormais devenu Hollywood.
Once upon a time in Hollywood, en salle partout au Québec dès le vendredi 26 juillet 2019.