Ambiance complètement déjantée au MTELUS

Par Myriam Bercier
En ce samedi 13 septembre, les Montréalais avaient rendez-vous avec le groupe britannique Wet Leg. Afin de commencer la soirée du bon pied, le quintette avait invité Mary in the Junkyard, d’origine britannique également, pour la première partie. Le trio, formé pendant la pandémie, a très bien mis la table pour le plat de résistance de la soirée. Si au départ, ça semble plus doux, plus posé comme musique, ça s’anime plus les chansons passent. Clari Freeman-Taylor, la chanteuse et guitariste, pose sa voix aérienne sur des mélodies plutôt rock, et ça fonctionne très bien. La foule applaudit fort entre les chansons.
L’enthousiasme atteint cependant son comble pendant le tour de chant de Rhian Teasdale et sa bande. Je dis souvent que j’ai plus entendu de spectacles dans ma vie que j’en ai vus dû à ma grandeur (un noble 5’3″). Dans les premières minutes du concert de Wet Leg, j’en ai rapidement fait le deuil, car la fumée et les effets de lumière font en sorte que l’on ne voit que très peu les musiciens sur scène. Quand on prend en considération l’identité visuelle du groupe – notamment le fait que Hester Chambers, qui souffre d’anxiété sociale, apparaît souvent de dos (on n’a qu’à regarder les pochettes de leurs deux albums, Wet Leg (2022) et Moisturizer (2025)), ces choix artistiques prennent tout leur sens. Après tout, les jeux de lumière d’un côté puis d’un autre ne sont pas sans rappeler la signature visuelle de Wet Leg. Les éclairages s’amenuiseront au fur et à la mesure afin de permettre au public d’apercevoir la formation dans toute sa splendeur (notamment Teasdale, qui brille de tous ses feux dans son habit de scène scintillant, armée de sa guitare translucide vert fluo).
Parlant du public, on peut dire qu’il a répondu présent. Non seulement le spectacle affiche complet, mais ça tape des mains, ça danse et ça chante en chœur. Il y a étonnamment quelque chose de très libérateur à crier « I’ve got Buffalo ’66 on DVD » (Wet Dreams). Mais la palme du moment le plus libérateur se trouve dans la chanson Ur Mum. Dans la version enregistrée, on entend Teasdale dire :
« Okay, I’ve been practicing my longest and loudest scream
Okay, here we go
One, two, three, ahhhhh! »
En spectacle, elle invite plutôt la foule à hurler avec elle, et personne ne se fait prier pour le faire. Pendant de longues secondes, chacun y va de son cri le plus long et le plus fort. « This was beautiful. I feel like you guys had a lot of frustration that you let go », s’écrira-t-elle par la suite, dans l’une de ses rares interactions avec les Montréalais. Si certaines de leurs pièces ont des textes semi-drôles semi-ironiques, pour citer Le Canal Auditif, force est d’admettre que le résultat est accrocheur.
Il y a toujours une chance, lorsqu’un groupe atteint un succès commercial important, comme Wet Leg avec leur premier album éponyme, que leur second effort n’atteigne pas les mêmes sommets. Ce n’est pas le cas de l’attachante bande de l’Île de Wight, qui cumule déjà près de 50 000 000 écoutes sur Spotify pour Moisturizer, sorti en juillet. Le groupe a aussi offert un agréable mélange de chansons de leurs deux long-jeux et ainsi évite le piège de faire uniquement leurs chansons plus récentes.
Et puis, alors qu’on a l’impression que la soirée vient tout juste de commencer, la formation annonce qu’il ne reste que trois chansons, puis enchaîne avec Chaise Longue (leur plus gros succès), mangetout puis CPR, les musiciens quittent la scène rapidement, la musique indiquant que le spectacle est fini débute, les lumières se rallument : la fête est finie.
Bref, le spectacle de Wet Leg n’est pas sans rappeler les années de notre enfance : on voudrait les retenir, rester où on est, mais tout passe trop vite. On cligne des yeux et tout est terminé, on se retrouve seule dans une foule à l’extérieur du MTELUS en se demandant comment la dernière heure et demie a pu passer aussi vite.