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Les Buzzcocks au théâtre Corona

40 années de punk rock à rejoindre plusieurs générations

thebuzzcocks-ianrook ©Ian Rook

Par : Mélissa Thibodeau

L’un des groupes phares de la première vague de punk britannique The Buzzcocks foulait la scène du Théâtre Corona, hier soir dans la Petite-Bourgogne. Plus de 40 années de « angry punk rock » ont été livrées à un auditoire fébrile. Retour sur une soirée en compagnie d’un groupe culte.

Si les États-Unis avaient déjà ses figures de proue punk : Iggy and the Stooges (à noter que Iggy Pop était également à Montréal hier soir pour une conversation présentée dans le cadre du Red Bull Music Academy), The New York Dolls, Patti Smith, The Ramones, la vague qui a déferlé sur la Grande-Bretagne en 1976 a laissé sa propre marque dans l’histoire de la musique.

Lorsque l’on pense à cette vague, les gros noms nous reviennent en tête : The Clash, The Sex Pistols. Toutefois, vraiment pas loin derrière eux, The Buzzcocks livraient également la marchandise à partir de leur patelin de Manchester. À l’instar des susmentionnés, leur musique était énergique et rapide avec des riffs de guitare qui scient l’atmosphère.

Les Buzzcocks se distinguent toutefois dans leur choix de paroles qui se veut un peu plus pop et plus accrocheur que leurs confrères. On chante des histoires d’amour quasi impossibles, des béguins sur lesquels on obsède de façon névrosée. Des sujets qui, avouons-le, continuent d’alimenter plusieurs chanteurs et chanteuses.

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©PunkNews

Le groupe a offert son premier spectacle à vie en juin 2016 à Manchester, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Dans la foule éparse qui composait la salle cette soirée-là, on pouvait compter les futurs membres de Joy Division et The Smiths. The Buzzcocks s’est laissé une première fois en 1981. Depuis 1989, les deux membres principaux Pete Shelley (chanteur, guitariste, parolier principal) et Steve Diggle reprennent de temps à autre la route ensemble, tout en continuant d’offrir de nouveaux albums.

Avant d’entrer dans le Théâtre Corona, je remarque les personnes qui fument à l’extérieur. On remarque surtout des hommes d’un certain âge. On les devine des anciens punks, certains ont encore cette prestance. Un peu plus grisonnants, un peu plus propres (en général), on devine cependant que leur affection pour la scène ne s’est jamais vraiment estompée.

Cependant, une fois dans la salle et en m’approchant de la scène, la foule est décidément un peu plus variée en âge. On voit quelques dames, mais la majorité sont des messieurs. Si les humains prennent de l’âge, certaines musiques ne déchoient pas et continuent de rejoindre diverses générations.

Mais avant, je suis arrivée juste à temps pour The Residuels, un trio philadelphien de big dumb rock and roll (leurs mots, pas les miens). Ils sont entrés sur scène comme si le groupe qui les suivait n’était pas un groupe culte du rock. Hommes de peu de mots, mais forts sur la guitare distortionnée, le groupe aurait sa place sur une scène plus hard rock de Heavy Montréal.

residuels-lizbretz©Liz Bretz

Malgré quelques pépins techniques pour le batteur, ils ont bien joué serré. La salle était en train de se remplir, mais se laissait aller de la tête au rythme. Certains ont tenté de thrasher, mais le reste de l’auditoire était encore un peu trop poli pour ça. Ils ont terminé leur set avec une reprise plus hard rock de You’re Gonna Miss Me de 13th Floor Elevators. On est loin du psychédélique de l’original, mais bel effort audacieux et apprécié.

La foule était bien réchauffée pour l’arrivée des Buzzcocks. Quatre hommes se présentent ensuite sur scène dont deux que je soupçonne ne pas avoir fait partie de la première mouture du groupe, dû à leur âge un peu plus moindre que les deux guitaristes/chanteurs. On applaudit, on crie fort!

Le premier set du groupe est passé à la vitesse de l’éclair. Pratiquement sans pause entre chaque chanson, j’applaudis le batteur pour sa forme et son endurance. Ils ont interprété des extraits pour les initiés, que la néophyte que j’étais ne connaissait pas toujours du premier coup. Il me semble toutefois avoir reconnu Everybody’s Happy Nowadays. 

Le chanteur principal Pete Shelley (né Peter Campbell McNeish) me faisait penser à mon père, si mon père était le chanteur d’un groupe punk légendaire. Mais sa voix est restée « adolescente », faisant tout un contraste avec le physique. Steve Diggle était le plus énergique du groupe. Il se permettait d’animer la foule, pointant les gens dans la salle à chanter avec eux.

Sans titre©Bstagemagazine

Le show est passé assez rapidement, ce qui n’est pas surprenant avec des pièces qui durent rarement plus de trois minutes. Mais ils ont gardé les plus connues pour le rappel. On chante fort les paroles de What Do I Get? de Orgasm Addict, de Ever Fallen In Love et de Harmony in my Head.

En sortant de la salle, je me remets à observer les gens. Peu importe l’âge, le sourire aux lèvres, on discute encore de musique et du spectacle. Je suis arrivée au Corona avec la présomption que j’allais embarquer dans un trip nostalgique seulement. Mais hier soir, on a tous eu droit à quelques instants de la scène punk vintage qui n’a presque pas pris de rides. Dans la foule, les différentes générations thrashaient ensemble, les poings en l’air (poings qui parfois prenaient des photos du groupe avec leur téléphone). La preuve que dans la vie, faut pas tout catégoriser, et apprécier les arts et la musique pour les moments qu’ils offrent.

Texte révisé par : Annie Simard