Engagement social et pluralité musicale
Par: Ambre Sachet
Engagement social et pluralité musicale étaient à l’honneur en ce mardi 14 juin. Une énergie positive s’est emparée des Francofolies lorsque Vox Sambou est monté sur la scène Hydro-Québec à l’occasion des spectacles multiculturels de la 28e édition du festival.
Entouré d’un orchestre, et de deux chanteuses et choristes dont l’harmonie n’était pas seulement due à la récurrence vestimentaire du noir et du rouge, c’est avec une luminosité contagieuse que le rappeur né à Limbé en Haïti est venu présenter son dernier album enregistré à Sao Paulo, Brasil Session.
L’optimisme et le sourire communicatifs de l’artiste suivent le rythme du trombone et le fil des morceaux, parmi lesquels Dyasporafriken, Angelitos Negros, Maliayiti et Toujou viv. Une douzaine de titres également composés par l’interprète parsème la scène de 20 h à 21 h. Le rayonnement du jeune chanteur accapare la foule, mais c’est un véritable groupe qui s’offre ici au public alors que le bassiste Diegal Léger entame un slam percutant sur l’amnésie collective, la misère de certains et le privilège des autres.
Influences de musiques haïtiennes traditionnelles, touches de jazz groovy, de blues et de hip-hop, sonorités métissées et empruntées au reggae : décidément Vox Sambou franchit les frontières des genres avec un disque rafraîchissant, dansant et pétri de diversité.
Ce mélange des styles s’explique par une tournée en Afrique de l’Ouest, puis au Brésil, dont Sambou s’inspire amplement pour la création de son dernier opus en 2014. Impossible de se ranger dans une case pour le membre fondateur du collectif international et hip-hop de Montréal Nomadic Massive qui chante en créole, français, espagnol et anglais depuis déjà plus d’une décennie.
Après une mixtape et deux albums – Lakay (2008) et Dyasporafriken (2013) – Sambou effectue un retour sur le terrain de l’engagement, en explorant des thèmes tels que l’héritage, l’identité et l’importance de la mémoire. Silence émouvant quand émerge la voix divine, chaude et soul de la chanteuse guadeloupéenne et québécoise Malika Tirolien sur le magnifique solo Lenglesou en hommage aux ancêtres haïtiens.
Malgré des mélodies parfois redondantes et un enchaînement de mots scandés qui peut s’avérer simpliste, 21e siècle reste sans doute le slam le plus engagé de l’album. Le mariage entre investissement social et culture, Vox Sambou a su le trouver à la maison des jeunes de Côte-des-neiges où il est directeur depuis plus d’une dizaine d’années. Le projet de mise en place du studio d’enregistrement No Bad Sound, établi en collaboration avec Lou Piensa, est une des initiatives du chanteur comme ce dernier l’explique dans une interview avec Le Devoir le vendredi 11 juin.
Suintant d’élégance, à l’image des artistes présents sur scène, le saxophone se démarque et clos le spectacle sur les énergiques Tout Moun et Neg chante Ft Waali.
Texte révisé par : Louise Bonneau