Le plaisir d’écouter les airs de Séville
Par : Lucia Cassagnet
Samedi soir, la Place des Arts était occupée à faire rayonner la musique classique un peu partout à travers la Virée classique. Que ce soit dans les couloirs entre les salles, dehors ou dans la Maison symphonique. Dans cette dernière, c’est l’Espagne de George Bizet (1838-1875) qui était mise de l’avant. Dans un spectacle présenté par Long & McQuade, les airs de Séville se sont promenés durant un peu plus d’une heure à travers une salle comble venue voir l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM).
Le programme du spectacle a été soigneusement pensé de sorte à introduire les classiques de l’époque aux nouveaux spectateurs qui découvrent le genre.
On a commencé avec un extrait de l’oeuvre L’Italiana in Algeri de l’italien Gioacchino Rossini. Déjà, l’OSM brillait de par son impeccable talent synchronisé aux mains solides de son chef, Rafael Payare.
La soirée a continué avec deux oeuvres très colorées, soutenues par la voix de la mezzo-soprano, Emily Sierra. C’est la France qui a suivi l’Italie avec l’oeuvre Cinq mélodies populaires grecques par Maurice Ravel.
La première pièce de résistance de la soirée – si on peut dire ça comme ça – était l’incroyable opéra Carmen du compositeur qui était à l’honneur, George Bizet. Les six extraits, mélangeant de la musique seule avec des coupures d’opéra, ont allumé dans notre imaginaire les airs de l’Espagne du 19e siècle. Emily Sierra, debout devant l’Orchestre portait sa voix dans la salle entière, enchaînant les moments forts de l’oeuvre. Incarnant de manière authentique les essences de cet opéra, elle a bonifié la musique avec des gestes subtils et des regards charmeurs, comme le personnage principal de l’oeuvre.
Une brève présentation de Salomé par Mel Bonis, la seule compositrice de la soirée, a donné la pause nécessaire aux spectateurs pour se préparer à écouter l’oeuvre finale, la plus attendue du programme.
Une confiance belle à regarder
Accompagné du guitariste Miloš, l’orchestre a offert une interprétation de l’oeuvre de Joaquin Rodrigo (1901-1999), le Concierto de Aranjuez. Personne ne doutait du talent de chaque musicien présent sur la scène, mais c’est durant cette dernière prestation que la complicité entre les artistes et surtout la confiance qu’ils ont envers le chef ont été démontrées. Des petits regards entre le guitariste et le chef, des plus subtiles, vraiment, laissaient voir qu’ils s’écoutaient jouer et diriger, prêts à passer à la prochaine note, à sauter sur le crescendo ou réduire l’intensité de leur art.
L’étoile de cette oeuvre, Miloš, a offert un Concierto des plus vibrants. L’aisance projetée – qui est probablement due à des heures interminables de pratique – donnait une légèreté à cette oeuvre qui, par moments, a des airs de mélancolie.
C’est sans surprise qu’à la fin de la soirée la salle a chaudement applaudi l’orchestre, son chef et le guitariste pendant plusieurs minutes.
La Virée classique est un festival qui veut rendre la musique classique accessible à un vaste public, en présentant plusieurs concerts et événements dans la métropole pendant quelques jours.
Crédit photo de couverture : Antoine Saito