Le retour de Kent Nagano à l’OSM
Par Lucia Cassagnet
Le temps des fêtes est arrivé à la Maison Symphonique ! Après une tournée européenne dans les plus prestigieuses salles de spectacle, l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) est de retour dans le 514 pour partir la saison de Noël. Et pour souligner l’occasion, nul autre que le renommé Kent Nagano a fait une apparition sur la scène cette semaine. Entre un mélange de classique et de moderne, le chef d’orchestre et ses musiciens ont présenté Le temps des fêtes avec Nagano mardi soir. Le spectacle était présenté par Power Corporation du Canada, en collaboration avec la Banque Nationale.
Avec son style délicat, ses gestes parfois imperceptibles, Nagano revient en pompe avec toute la beauté qu’on lui connaît. Son aisance à faire naviguer les musiciens entre des agencements complexes et multisonores nous fait presque croire que c’est facile de diriger un orchestre. Sa dédication envers la musique prend vie dans l’exécution parfaite des oeuvres par ses musiciens, qui ne font que suivre leur guide, aveuglés par la confiance.
Du classique au moderne
La soirée a débuté avec le classique du temps des fêtes, des extraits de Casse-Noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Les sonorités mélodieuses, remplies de cloches, de trompettes et de bonheur nous transportent instantanément. Comme à chaque fois que cette oeuvre est jouée, le temps de quelques mesures, tous les spectateurs ferment leurs yeux et voient défiler leur enfance.
Ensuite s’est enchaîné une pièce unique, une création mondiale qui met de l’avant le talent canadien. Cent soleils est, tout d’abord, une oeuvre du compositeur Matthew Ricketts. Il s’agit de la cinquième commande qu’adresse l’OSM à Ricketts. C’est aussi un espace où l’écrivain québécois Alain Farah a pu donner vie (sonore) à une réinterprétation de l’histoire de la Nativité. À ces deux artistes s’est ajoutée Marie-Nicole Lemieux (contralto), et ensemble, les trois ont crée une oeuvre unique.
La pièce s’étale sur neuf tableaux qui nous font voyager. Dans cet univers dévoilé pour la première fois lors du concert, on retrouve des oiseaux moqueurs, un chien, un enfant, une famille, un roi menacé et un berger. Cette multitude de personnages prend vie à travers la voix puissante de Lemieux, qui raconte une histoire qui semble familière mais qui est différente de celle qu’on se faisait raconter lorsqu’on était petits. Afin d’ajouter une couche de questionnements sur les événements qui nous font regarder vers le ciel, une éclipse solaire est introduite dans les péripéties des personnages.
C’est les références à l’histoire originale – comme le nom du roi ou le personnage du berger – qui nous ramènent aux origines lorsqu’on était trop concentrés à suivre le vol de l’oiseau moqueur dans ce nouveau récit. En jumelant une des histoires les plus classiques avec des textes aux constructions modernes, Cent soleil est un phénomène en soi.
Les quatre saisons du Québec
Pour les québécois, Noël équivaut à l’hiver. Et l’hiver, c’est très différent de l’été. Du moins, ici, au Québec.
Pour Antonio Vivaldi, l’auteur de la fameuse pièce Les quatre saisons, il se peut que sa réalité climatique ait été un peu loin de la notre. Pour Aziza Sadikova, une compositrice née en Ouzbékistan, les quatre saisons de l’année sont toutes uniques. C’est du moins ce qu’elle raconte dans sa réécriture de l’oeuvre classique avec des ajouts innovateurs qui donnent un nouveau souffle aux sons de Vivaldi.
En introduisant un haubois (Vincent Boilard), un violoncelle (Anna Burden), une trompette (Paul Merkelo) et des percussions (Serge Desgagnés), les barres de musique de Sadikova marchent droit sur le chemin classique, mais par moments, elles sortent des sentiers battus. Le fait de penser qu’on sait où s’en va l’oeuvre et de se faire couper les répères par une percussion inattendue ou un violoncelle endiablé, ça ravit l’intérêt et raffine l’écoute.
Sadikova introduit des sonorités que l’on pense complètement inusitées pour une oeuvre de Vivaldi mais qui finissent par dévoiler une interprétation du classique qui ouvre la porte aux surprises.
La programmation de l’OSM a encore quelques options de spectacles à offrir. Pour les consulter, c’est ici.
Crédit photo de couverture : Antoine Saito