Non, ils imitent la sexualité humaine
© Maxime-Robert Lachaine
Par Sébastien Bouthillier
L’humanité commence avec le singe et continue avec le robot. Dans un monde bousculé par les nanotechnologies couplées aux biotechnologies, à l’informatique et aux sciences cognitives, cinq sommités participent à un colloque international pour discuter de l’eugénisme, de l’intelligence artificielle et de l’avenir de la nature humaine…
La pièce de théâtre revêt l’allure d’un débat scientifique jusqu’à ce qu’un bolide lancé vers Mars retombe sur Terre, au Québec. La poésie supplante alors la science dans la discussion, les éminents experts abandonnant leurs arguments pour dévoiler leurs émotions.
Angela Konrad adapte et met en scène l’essai éponyme récent où un médecin et un philosophe étalent leur désaccord en discutant des promesses et des risques de l’intelligence artificielle pour la vie humaine. Avec son regard critique, elle convie le public à s’interroger sur le monde actuel et l’avenir que préparent Google, Facebook et les entreprises dans leur lucratif sillage.
Ce qui peut être fait doit-il être fait? La réponse à cette question complexe semble catégorique pour les cinq participants au colloque, même si elle réfère aux possibilités scientifiques et technologiques, en même temps qu’elle exige une réflexion éthique sur le devoir d’agir. Autrement dit, la possibilité technique confère ou pas le droit de réaliser cette possibilité?
Pourtant, Stéphanie Cardi répond oui, elle qui a marié un robot et adopté deux robots canins. Jusqu’à ce qu’un bogue ralentisse ses synapses et son élocution, on se doute qu’elle est moins humaine que les autres à cause des implants mélioratifs greffés à son cerveau. Quand l’écran projette des images de son mari cyborg, même s’il réussit un salto arrière, on se demande comment elle éprouve de l’amour pour «ça».
Dominique Quesnel assume son rôle de rabat-joie: misanthrope, elle préfère les primates et dénonce le détournement de sens de l’humanité. La démocratie recule, elle appréhende que les robots avancent sous un horizon totalitaire au nom de l’éradication des maladies, de la souffrance et de la mort.
À court d’arguments scientifiques et éthiques, secoués par l’écrasement du bolide lancé vers Mars, les cinq protagonistes réciteront des poèmes en avouant leurs émotions et en oubliant le protocole guindé du colloque pour redevenir eux-mêmes.
Les robots font-ils l’amour? à l’Usine C jusqu’au 10 mars.
Crédit photos : Maxime-Robert Lachaine
Texte révisé par : Marie-France Boisvert