Ouverture de la 50ème saison de Duceppe: entre Universalité et Spécificité
Par : Marie-Christine Jeanty
La 50ième saison de chez Duceppe a débuté avec force avec une pièce grandiose: Mama de Nathalie Doummar. C’est une pièce qui est à la fois d’une grande universalité avec les thématiques mais aussi dans le très spécifique avec certains référents culturels bien précis.
Tout est soigné dans cette pièce: le texte, la scénographie, la distribution etc. Les dialogues, les non dits nous plongent dans une gamme d’émotions valsant des éclats de rire aux larmes incessantes.
Cette pièce ne laisse personne indifférent par la profondeur de ses propos et la qualité de sa conception. Nathalie Doummar a tissé une histoire qui touche toutes les femmes tout en restant clairement campée dans une famille immigrante égyptienne, à travers différentes générations.
Ce qui frappe également, est la qualité du casting. La pièce est porté par une distribution d’interprètes arabes venues des quatre coins du Maghreb, du Moyen-Orient et du Québec. En alliant avec brio, humour et sensibilité, Nathalie Doummar raconte l’histoire d’un clan féminin qui se rassemble pour veiller sur le patriarche agonisant. Autour du mourant et de la Mamie, Nana (formidable Mireille Naggar), différentes générations de femmes patientent, chacune avec son bagage intérieur.
Les tourments de chacune, tant les plus jeunes que les plus vieilles, les accompagnent et on les sent tiraillées entre leurs valeurs d’origines ici Égyptienne et Chrétienne et celle de la patrie d’adoption (de naissance pour certaines) qu’est le Québec.
La force de huit clos repose également sur la qualité de la mise en scène et des choix scénographiques. La metteuse en scène Marie-Ève Milot et la scénographe, Geneviève Lizotte ont déployé un gigantesque miroir au-dessus de la scène. L’effet est vraiment saisissant. Cette façon de marquer le temps est d’une poésie inouïe et met en exergue le mourant et les différents aspects de sa personnalité.
Le huis clos ici permet d’exposer les relations complexes qui unissent toutes ces femmes. On y oscille à travers de émotions très vives avec des échanges parfois empreints de violence, d’intransigeance, mais aussi de beaucoup d’amour sans oublier la bienveillance.
Mama, une pièce à voir jusqu’au 8 octobre avec : Karina Aktouf, Lamia Benhacine, Nathalie Doummar (en alternance avec Sharon Ibgui,), Nicole Doummar, Ambre Jabrane, Aïda Nader, Wiam Mokhtari, Mireille Naggar, Igor Ovadis, Natalie Tannous, Mireille Tawfik, Leïla Thibeault-Louchem, Élisabeth Sirois.