La vie, c’est exactement Tout ça!

Par : Sylvie Tardif
Le 4 décembre dernier, nous avons assisté à la représentation de la pièce Tout ça, une création du Théâtre des 4’Sous et du Théâtre Point d’Orgue, écrite par le dramaturge britannique Alistair McDowall et traduite par Fanny Britt.
Catherine Vidal et Xavier Inchauspé qui codirigent le 4’Sous ont présenté la pièce en mentionnant que le théâtre fête ses 70 ans. Fondé en 1955 par Paul Buissonneau et inauguré, en son emplacement actuel, le 3 décembre 1965, nous souhaitons une longue vie au Théâtre des 4’Sous!

Tout ça, c’est le parcours d’une femme de sa naissance à sa mort. Il s’agit surtout du déroulement de sa pensée, de l’énoncé de sa voix intérieure tout au long de sa vie.
Des mots qui expriment l’enfant qui naît : « pousse, pousse, pousse, chaud, mouillé, rouge », de l’enfant en phase du non, de l’enfant qui découvre son corps, de l’adolescente qui découvre la sexualité, l’amitié, la solidarité, les jalousies également.
Tout ça, c’est aussi la femme qui tombe amoureuse, qui devient mère, et surtout, qui « travaille travaille travaille », se divorce, devient grand-mère, connaît la force des promesses, et la douleur des regrets, les petits et les grands deuils. Ce sont les mots qu’on se dit tous, les uns et les autres, au cours d’une vie.

Le spectateur prend quelques minutes à apprivoiser le rythme et la signification du texte. Puis, il est soudainement captif du monologue parce qu’il se reconnaît tout à fait dans cette pensée. On entend alors des rires de connivence et les silences chargés d’émotion. On a déjà exactement pensé comme ça, tout ça.
Il s’agit de la pensée d’une femme certes, mais aussi de tout être humain qui passe à travers la vie. Le texte est extrêmement puissant, sans parler de l’interprétation sublime d’Évelyne Rompré. La vie, c’est exactement Tout ça!

La mise en scène de Louis-Karl Tremblay est efficace. Évelyne Rompré, seule en scène, pendant une heure, nous livre le texte d’un seul souffle, avec force et vivacité, dans un cercle de lumière projetée de l’avant de la scène qui illumine sa présence, sa vie.
La comédienne incarne le texte par sa voix, par des gestes qui le ponctuent pour marteler ce qui se joue, le temps qui passe, la vie qui est, les dérangements. L’émotion passe par son visage avec une subtilité qui touche.
Évelyne Rompré arrive à jouer la monotonie du travail qui occupe une grande partie de l’existence, tout en transmettant l’émotion des chagrins et des bonheurs traversés au même moment.
Et elle conclue :
« Je pense que j’ai eu une bonne vie, mais c’est dur à dire, je n’ai pas de points de comparaison. J’aurais pu être plus heureuse par bouts, mais c’est sûrement vrai pour tout le monde. Des regrets, j’ai des regrets, c’est correct d’avoir des regrets, j’ai le droit. »

Il faut aller voir Tout ça comme un rappel que nous n’avons qu’une seule vie… et qu’elle est en train de passer. « Tout le monde meurt. » N’hésitez pas à visiter le site web du théâtre pour vous procurer des billets.


