Renouer avec le passé
© Universal Pictures
Par : Normand Pineault
En l’an 2000, le réalisateur de l’excellent The Sixth Sense nous offrait le film Unbreakable, dans lequel l’existence de super-héros se juxtaposait à la réalité avec ambiguïté, à un point tel que le doute nous tenait en haleine jusqu’au dévoilement de la vérité. Il lui aura fallu 16 ans (et quelques œuvres discutables) pour ensuite nous revenir en force avec le sombre Split, le second opus de cette trilogie. Aujourd’hui, après avoir obtenu l’autorisation des studios Universal et Disney à qui appartenaient respectivement ces deux films, et qui pour la toute première fois, ont décidé de collaborer sur un projet, M. Night Shyamalan nous donne enfin sa conclusion avec Glass, qui rassemble brillamment tous les acteurs et les énigmes de ces deux prédécesseurs.
Après son impressionnante prestation de Kevin Wendell Crumb et de ses 23 autres personnalités dans Split, James McAvoy (X-men, Atomic Blonde) demeure le « clou du spectacle », et reprend avec encore plus d’intensité son rôle du tueur en série. Malgré tout, il joue aux côtés d’un Bruce Willis qui, pour une rare fois depuis quelques années, semble revivre et apprécier de se retrouver dans la peau de David Dunn, l’agent de sécurité indestructible. Quoique plus effacé au début, Samuel L. Jackson ne tarde pas non plus à se glisser à nouveau dans l’ingéniosité malsaine de Elijah Price, alias Mr. Glass. Les interactions entre eux sont alléchantes et divertissantes, tandis qu’il est intéressant de voir plusieurs autres acteurs reprendre également leurs rôles pour les soutenir, tels que Spencer Treat Clark en fils de David Dunn, ou bien Anya Taylor-Joy, la seule survivante des folies de Kevin.
Tout comme Unbreakable et Split, ce film nous replonge dans une histoire remplie de questionnements. Le premier nous montrait le potentiel inexploré d’un homme freiné par sa propre peur, tandis que le deuxième jouait avec la force que peut avoir un esprit tordu sur le corps physique. Avec Glass, après que les trois supposés malades sont enfermés et évalués dans un hôpital psychiatrique, le doute s’installe plus que jamais dans leurs têtes, et même dans la nôtre, et la question se pose : sommes-nous vraiment ce que nous pensons être ? Où n’est-ce qu’une fantaisie provoquée par un traumatisme? Seulement, là où la direction et la photographie donnent un ton parfait au sujet, allant même jusqu’à associer différentes couleurs de décors aux personnages, le scénario commence de son côté à se craqueler dans la dernière demi-heure. Celui-ci s’essouffle, comme si le réalisateur ne savait malheureusement plus quoi faire de ses personnages, au point que l’attente du typique punch final devient diluée, et nous laisse même légèrement sur notre faim lorsque le générique débute.
Glass est tout de même une bonne conclusion à cette trilogie de super-héros réels, même si elle aurait pu être beaucoup plus frappante et moins longue. Si vous avez aimé Unbreakable et Split, vous apprécierez certainement Glass, et en particulier pour le jeu de James MacAvoy.
Glass, en salle partout au Québec dès le vendredi 18 janvier 2018.
Texte révisé par : Johanne Mathieu