Une image qui vole en éclats
Par : Sylvie Tardif
La pièce Une fête d’enfants est présentée au Théâtre du Nouveau Monde du 14 janvier au 8 février 2025. Ayant vu Les Feluettes de Michel Marc Bouchard alors que j’avais 18 ans, j’ai toujours été intéressée par le travail de ce dramaturge. Il a le don d’aborder la complexité de l’intimité des êtres humains sans complaisance ni jugement.
Le texte de cette pièce est porté par des comédiens hors normes. François Arnaud (David), Iannicko N’Doua (Nicolas) et Sylvie Drapeau (Claire) font un travail extraordinaire pour rendre cette histoire dans toute sa profondeur. À la mise en scène, Florent Siaud nous offre un décor tout en douceur, de voiles qui s’élèvent et s’abaissent sur lesquelles des images de vagues, d’eau, de corps, des collages dont le propos révèle les non-dits.
La fête d’enfants n’a rien de léger. La fête est la mise en place, le révélateur d’un secret menant à une tragédie qui se déroulera un jour de brouillard, un brouillard de neige qui donne l’impression de flottement. Claire accueille les amis de son petit-fils et leurs parents dans sa « vaste » demeure alors qu’elle n’en a aucune envie. Les enfants la dérangent, les enfants mouillés encore plus. Claire effleure les choses, elle est superficielle et elle en devient cocasse. À la retraite, elle occupe son temps en faisant des collages « décoratifs » qui utilisant des images réelles recomposées sont des fictions qui mettent au jour des vérités cachées.
David et Nicolas sont beaux. Leurs filles sont belles. Ils sont de ceux dont la beauté attire. L’image d’une famille parfaite qui éclatera en mille morceaux comme un coup de poing qui fait voler un miroir en éclats. Il faut voir le théâtre de Michel Marc Bouchard. Il faut applaudir des interprètes de la qualité de François Arnaud, Iannicko N’Doua et Sylvie Drapeau.
Le texte est riche. Il questionne, il interpelle. Les comédiens le portent comme un gant. François Arnaud interprète l’arrogance de la beauté, le narcissisme et sa déchéance avec subtilité. Iannicko N’Doua est à la fois douceur et douleur. On saisit l’ampleur de sa détermination et de sa perte. Sylvie Drapeau est magnifique de légèreté, de distance. Sa hauteur et ses collages expliquent l’inexplicable.
Il reste encore quelques billets, allez-y. Pour vous procurer des billets de cette pièce ou de l’une ou l’autre des productions du TNM, veuillez visiter le site web du théâtre.