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Douze hommes en colère

Et si nous cessions de nous préjuger!

Crédit photo : Joe Alveiro

Par : Sylvie Tardif

Le 14 septembre dernier, la pièce 12 hommes en colère était présentée au Théâtre Outremont. 12 hommes en colère (12 Angry Men en version originale américaine) est une pièce de théâtre écrite par Reginal Rose en 1954 et adaptée au cinéma par Sidney Lumet en 1957.

12 hommes en colère est le huis clos de 12 membres d’un jury qui délibèrent sur un cas de meurtre commis par un jeune homme de 16 ans qui aurait assassiné son père. Auront-ils le doute raisonnable qui mène au verdict de l’acquittement ou, au contraire, le trouveront-ils coupable et passible de la peine de mort par électrocution?

Crédit photo : Joe Alveiro

La traduction et la mise-en-scène d’Alain Zouvi sont simples, mais efficaces. La scène est transformée en salle de réunion dont la porte est verrouillée puisque les membres du jury n’en peuvent sortir tant qu’ils ne se sont pas entendus à l’unanimité. La chaleur est pesante, l’enfermement est évident. Ils n’ont pas envie d’être là. Ils ont hâte d’en arriver à une décision commune pour pouvoir partir. Ils ont toutefois un devoir à accomplir. D’un vote de onze contre un en faveur du verdict de culpabilité, leur discussion changera la donne du tout au tout. Un homme s’élève seul contre tous soutenu par la force de ses convictions.

Les comédiens sont extraordinaires. La pièce est portée principalement par Claude Prégent, rapidement appuyé de Jean-Pierre Chartrand, ardents défenseurs du doute raisonnable. Ils ne sont pas convaincus de la force probante des témoignages et de la preuve matérielle présentée au procès, mais leurs contradicteurs sont également bien interprétés avec sensibilité, dans leurs failles, dans leur fragilité et dans leurs préjugés. Le discours raciste et violent du juré no. 10 (Étienne Pilon) qui condamne l’accusé d’emblée sur des préjugés liés à la race et à la pauvreté est hélas toujours d’actualité.

Crédit photo : Joe Alveiro

Cette pièce écrite en 1954 est résolument moderne, pertinente et fort bien jouée par les comédiens qui ont eu droit à une ovation chaleureuse et méritée. Nous avons passé un bon moment de théâtre malgré la gravité du sujet allégée par quelques moments d’humour fort à propos. La finale qui met au jour la souffrance d’un père, magnifiquement interprété par Hugo Giroux est émouvante.

Les Productions Jean-Bernard Hébert partent en tournée avec ce chef-d’œuvre de Reginald Rose. Douze fabuleux comédiens prendront la route pour une quarantaine de représentations dans plus de 30 villes à travers le Québec. Il faut aller voir 12 hommes en colère pour réfléchir sur notre rapport à la différence, mais également pour réfléchir sur le système de justice. Nous pourrions tous être appelés à être jury, n’est-ce pas?