L’artiste qui marche et chante le poing levé!

Par : Sylvie Tardif
Le 3 juillet dernier, le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts accueillait le concert intitulé Let’s walk de Madeleine Peyroux et de son ensemble présenté dans le cadre de cette 45e édition du Festival international de jazz de Montréal qui s’achève.
En première partie, nous avons pu entendre le Isabella Hallia Quartet. Isabelle Hallia (voix), accompagnée de Yûr Yesli (guitare), de Alexandre Le Blanc (contrebasse) et de Baptiste Lejeune (batterie) a interprété des œuvres qui l’inspirent ou des interprétations féminines de chansons qui l’impressionnent dont Samara Joy qui était également au FIJM cette année. Elle nous a également offert une de ses compositions intitulée I love you more qui devrait être enregistrée cette année et, éventuellement, se retrouver sur les plateformes de streaming musical.

Puis, l’ensemble de Madeleine Peyroux est entré en scène et, sur le ton de l’humour, la chanteuse a déclaré d’emblée qu’il était compliqué d’être américaine en ce moment. Elle nous a donc indiqué qu’elle avait mis sur papier des citations significatives de ce qui l’anime pour ponctuer son tour de chants. La chanteuse a entamé la soirée par une lecture du poème Caged Bird de Maya Angelou qui se termine sur cette strophe : « The caged bird sings with a fearful trill of things unknown but longed for still and his tune is heard on the distant hill for the caged bird sings for freedom. » Le ton était donné! J’ai eu la chair de poule et la larme à l’œil plusieurs fois lors de ce concert et, pourtant, Madeleine Peyroux a énormément d’humour.

Madeleine Peyroux explore des thématiques très engagées qui ne peuvent que nous bouleverser. Qu’il s’agisse d’une citation de Martin Luther King Jr. ou d’Emily Dickinson, d’une information sur l’accès à l’avortement « down south », des droits bafoués des communautés LGBTQ+, des violences sexuelles, d’un poème sur les dreamers, le public était attentif et sensible, réagissant aux déclarations à teneur politique de la chanteuse.
Let’s Walk est donc certainement l’œuvre la plus engagée de l’auteure-compositrice-interprète à ce jour. Elle nous a offert cette chanson en fin de concert, le poing dressé vers le ciel. Let’s Walk, de l’album éponyme sorti en 2024, est un hymne qui invite à la protestation, à la manifestation devant l’insensé. Madeleine Peyroux nous a également offert I kissed a girl, écrite et popularisée par Jill Sobule en 1995. Elle a interprété une chanson drôle intitulée Me and the Mosquito. Elle nous a comblé de bonheur avec Dance me to the end of love de Leonard Cohen ainsi qu’avec la chanson J’ai deux amours rendue célèbre par Joséphine Baker.

C’est certainement un des concerts les plus émouvants auxquels j’ai assisté cette année. Cette artiste chante des textes importants à entendre. Son ensemble est constitué de musiciens de talent : Jon Herington (guitare), Graham Hawthorne (batterie), Paul Frazier (basse), Andy Ezrin (piano et claviers). Nous avons été comblés.
Le Festival international de jazz de Montréal se termine aujourd’hui. C’est un événement annuel incontournable. On s’y retrouve l’an prochain? J’y serai assurément, et vous?