Nos humoristes se dévoilent avec sincérité

Par : Sylvie Tardif
La 26e édition du Gala Les Olivier avait lieu au Théâtre St-Denis dimanche soir dernier, le 23 mars. Cette célébration du talent qui met en lumière l’industrie de l’humour au Québec consacrait une part de sa programmation aux acteurs de l’industrie en après-midi alors que les humoristes avaient leur gala en soirée diffusé sur la chaîne télévisuelle de Radio-Canada. Mattv était présent sur le tapis rouge de ce gala très médiatisé.
Dans la catégorie Découverte de l’année, la jeune humoriste Mégan Brouillard de la cuvée 2020 de l’École nationale de l’humour a remporté la statuette. Lors du Gala de l’industrie, elle avait déjà remporté la statuette du Texte de l’année : capsule ou sketch web humoristique.

Nous lui avons demandé comment elle se sentait devant cette reconnaissance et qu’elle était sa relation avec le public. Mégan Brouillard nous a répondu qu’elle commençait la première année de sa tournée et qu’elle était ravie de l’accueil du public : « Le public est tellement smart, je suis contente de pouvoir rencontrer les gens partout au Québec, ça me touche de voir les gens. » Nous lui avons également demandé comment elle percevait son avenir : « J’ai hâte de recommencer à roder, j’ai hâte de recommencer à écrire de nouvelles affaires, mais je suis contente de voir que ce que j’écris, ça touche les autres. Les applaudissements, je les envoie vers toutes les heures de travail que j’ai mis avec Matthieu Pepper à la script-édition. »

Arnaud Soly était nommé dans la catégorie de l’Olivier de l’Année. Nous étions curieux de savoir quel est l’effet sur l’ego d’un humoriste de faire partie de cette catégorie prestigieuse. Arnaud Soly a été super sincère dans sa réponse : « Ça fait la cinquième fois que je suis nominé pour l’Olivier de l’Année et je ne l’ai jamais gagné alors on s’en reparlera pour l’égo. Pour vrai, j’essaie d’accorder pas trop d’importance à ça. Quand on crée de l’humour, quand on crée des projets, on ne pense jamais à ça. » Sa satisfaction vient du public présent lors de ses shows : « Le public est extrêmement réceptif, le public est au rendez-vous et je m’amuse comme un fou. »
Yves-François Blanchet, le chef du Bloc Québécois, était présent au Gala les Olivier, événement déjà planifié à son agenda depuis un moment alors que la campagne électorale fédérale venait d’être lancée en après-midi. Nous lui avons demandé ce que représentait le gala dans le contexte politique actuel et il nous a ainsi répondu : « La dernière affaire à faire, c’est d’arrêter de faire nos vies, arrêter de rire, arrêter de voir des spectacles, arrêter d’aimer notre monde et nos artistes. » Il a ajouté qu’il fallait reconnaître l’importance économique de l’industrie de l’humour étant donné que le président américain a pointé vers les secteurs économiques visant à casser l’exception culturelle qui est essentielle au Québec. L’industrie doit donc être soutenue puisqu’il s’agit de dizaine de milliers d’emplois et des retombés économiques majeures. Il a terminé en disant: « À quoi bon défendre l’économie du Québec si on ne reconnait pas et on ne fait pas vivre la différence culturelle, artistique et linguistique du Québec. »

Richardson Zéphir était au gala pour présenter un Olivier. Nous l’avons fait parler de son humour, de la liberté de création au Québec et nous lui avons demandé tout simplement quelles étaient ses attentes pour la soirée à venir. Il a répondu qu’il n’avait pas d’attente si ce n’est que d’assister à un bon spectacle, à une bonne fête. Avons-nous été oiseau de mauvais augure? Lors de la présentation de la statuette qu’il devait remettre, Richardson Zéphir a dû improviser des voix sur les capsules de présentation des nommés qui étaient dépourvues de son par une erreur technique. Il a sauvé ce moment par une capacité d’adaptation exceptionnelle.

Steven Guilbault, en campagne électorale pour le Parti Libéral du Canada, était également au Gala et il nous disait que les enjeux en lien avec les actions au sud de la frontière sont économiques bien sûr, mais de souveraineté également. Il a donc repris du service au Patrimoine parce que notre identité et nos langues officielles doivent être défendues. Le message qu’il a envie de passer est de se serrer les coudes pour travailler ensemble afin de passer à travers les crises politiques actuelles.

Julie Snyder nous a également accordé une entrevue d’une grande authenticité. Elle nous confiait qu’il n’est pas toujours facile de garder le même niveau d’énergie dans sa vie professionnelle quand certains aspects de sa vie personnelle la préoccupent. Elle a toujours la passion de son métier. Elle nous indiquait qu’elle aimait générer des idées, mettre sur pied des projets, qu’elle savait s’entourer de créateurs. Nous lui avons demandé si on pouvait tout dire au Québec. Elle a répondu du tac au tac qu’on ne pouvait pas tout dire au Québec. Nous lui avons alors demandé ce qu’on pouvait lui souhaiter pour l’avenir. Elle aimerait écrire une autobiographie. Ça fait plusieurs années qu’elle y pense et elle aimerait vraiment ça. On lui souhaite de tout coeur.
Katherine Levac a indiqué que sa présence au Gala lui faisait du bien pour rencontrer les collègues qu’elle n’a pas l’occasion de voir souvent parce qu’elle est en tournée. Son public répond bien et elle se sent privilégiée de cette relation qui se développe depuis dix ans qu’elle échange avec lui. Elle souhaite en rester digne et en profiter encore longtemps. Nous lui avons également demandé si on était libre de tout dire au Québec : « On dirait qu’on est à une ère où on ne peut pas tout dire; mais au contraire, on est dans une ère où on peut tout dire, il faut juste le faire comme il faut. »

Pour terminer un gala qui récompense le talent de nos humoristes et des créateurs en humour, Mona de Grenoble a remporté la statuette de l’Olivier de l’Année. Le Québec est très certainement un terreau fertile pour l’humour et nous souhaitons à nos créateurs la liberté et les soutiens financiers qui leur permettent de s’épanouir encore longtemps pour notre bien-être à tous. Nul besoin de rappeler que rire est un signe d’intelligence!
Crédit photos : Olivier Garneau / Mattv