Assis au MTelus face à la fiction nécessaire de Gogo Penguin

Par : Marin Agnoux
Ce mercredi 15 octobre, tout doucement, sous les premières brises fraîches de Montréal, la fosse du MTelus tel un cabaret, le monde s’assoient autour de petites tables rondes. Silencieux, quelques verres posés sur les tables, le public patiente jusqu’à l’arrivée de nos invités de Manchester, GoGo Penguin. Sans artifice, à peine quelques lumières, sobre, les trois musiciens s’avancent sur scène et s’installent près de leurs instruments, prêt a nous présenter leurs dernière album, Necessary Fictions.

Chris Illingworth effleure de ses mains les premières touches de son piano arrangé. Les mélodies frivoles se dispersent dans la salle. Nick Blacka laisse sa contrebasse se poser sur les quelques notes qui se mettent à vibrer et Jon Scott, d’une frappe incisive et répétitive, harmonise le tout avec sa batterie.
Dans un néo-jazz aux inspirations diverses, GoGo Penguin nous entraîne sans effort dans leurs pensées, entre classique, trip-hop et musique électronique, leurs sonorités peignent un tableau homogène propre à eux. On se laisse enfermer dans une boucle perpétuelle, l’on oublie que les morceaux défilent au fur et à mesure, captivé par la musique et apaisé par la sérénité de leur attitude.

Dans l’heure traversée, Chris joua de ses pédales subtilement cachées dans son Steinway, les sonorités du songe s’enlacent à l’archet de la contrebasse de Nick, parfois stridentes, parfois douces, l’on en oublierait presque l’instrument d’origine.
La contrebasse posée à terre, Nick se rapproche de son Moog, plus électronique. À ce moment-là, on regarde dans l’angle droit de la pièce, l’on peut apercevoir Jon jouer de ses centaines de sons qu’il arrive à faire sortir de sa batterie. Seulement quelques cymbales, quelques toms, mais sa baguette, elle, touche à chaque incision de manière différente, le fer et les peaux de la batterie chantent, murmurent, parlent et se faufilent entre les notes de ses partenaires.

Assis sur les balcons, je me laisse faire, mes pensées adoucies par la musique, je dois dire que j’ai rarement vu le MTelus aussi calme, à peine quelques chuchotements s’échappent du public, minutieusement attentif à tout ce qui se passe, bercé sous les moulures de l’ancien théâtre.
Après le dernier morceau, sans laisser de place au silence cette fois, le public se lève, heureux et reconnaissant du groupe, GoGo Penguin accueilli dans une ruée d’applaudissements ne repartiront pas sans. Seul le bruit des pas quitte la salle, pas de mots, il n’y en a pour l’instant pas, on espère être encore et toujours pris par la boucle perpétuelle de ce soir.