Maria et la mer en musique!

Par : Sylvie Tardif
Vivianne Audet nous offrait des pièces de son nouvel album Le piano et le torrent à la Salle Claude-Léveillée de la Place des Arts pour deux soirs seulement, les 9 et 10 avril dernier.
La salle était comble d’un public conquis. En 2020, la pianiste mettait au jour son premier album solo de musique instrumentale Les filles montagnes. À la sortie de cet album, l’artiste nous informe que Suzanne Laplante Edward, la mère d’Anne-Marie Edward, l’a appelée pour connaître la pianiste qui avait composé de la musique pour « nos filles ». Elles sont tombées en amitié, nous raconte Vivianne Audet. Les filles montagnes est une pièce composée en hommage aux victimes de la tuerie de l’École polytechnique de Montréal qui a eu lieu en 1989. L’artiste n’avait que 8 ans, mais il y a des drames qui nous touchent collectivement, nous dira-t-elle. L’album a obtenu une nomination au Gala de l’ADISQ en 2021 dans la catégorie Meilleur album instrumental.

Native de Maria, Vivianne Audet sort son deuxième album instrumental intitulé Le piano et le torrent le 31 janvier dernier. C’est une promenade toute simple en quinze pièces dans Maria, ce village gaspésien. La pianiste nous raconte l’histoire des origines du nom de son village d’origine, un simple prénom de femme, celui de l’épouse de Guy Carleton, gouverneur de la « Province of Quebec ». Elle nous a également parlé de l’histoire des habitants de Maria, de sages ainés ou des garnements qui font « la trail ». Enfin, elle creuse jusqu’à sa propre histoire, de l’exil vers Montréal, des pensées de sa grand-mère Dolores, de ce torrent qui l’a submergée au décès d’êtres chers, autant de fils conducteurs entre les pièces jouées au piano accompagnée d’Evelyne Grégoire-Rousseau à la harpe. Au final, ce n’est pas qu’une simple promenade, l’album est une quête des origines tissée de l’histoire intime de la pianiste en musique et en mots.
De la première pièce de l’album intitulée Le jour craque quand le soleil frôle la ligne d’horizon jusqu’à la dernière intitulée Si un jour tu reviens, les oiseaux te feront un passage, on se rend compte que pour Vivianne Audet, le piano est aussi une maison. Elle s’y réfugie, pour les joies et les peines, et nous offre en rappel de s’amuser de sa toute première leçon de piano dont la partition était celle de Ça fait rire les oiseaux de La Compagnie créole. Tout un chemin depuis dont elle s’amuse.

Je n’ai pu m’empêcher de retrouver une mer gonflée de vents, puissante et mélancolique, dans la musique de Vivianne Audet qui m’a fait penser à la pièce de Michael Nyman, The Heart asks pleasure first, tirée de la trame musicale du film The Piano de Jane Campion. La musique de Vivianne Audet est expressive comme son visage quand elle interprète cette mer qui a bercé son enfance et son adolescence à Maria ou le torrent qui l’a bouleversée ensuite.
Pour suivre la carrière ou pour acheter des billets des concerts de Vivianne Audet, une comédienne et une autrice compositrice d’ici, je vous encourage à visiter son site Web.